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Covid-19 : Madagascar décide finalement de recourir au vaccin

Le président Malgache a indiqué que lui et sa famille n'avaient pas l'intention de se faire vacciner, et préfèrent encore faire confiance au Covid Organics, remède local dont l'efficacité n'a pas été prouvée scientifiquement. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un travailleur de la santé prend un écouvillon nasal pour tester un patient au Centre médical Covid-19 d’Andohatapenaka, à Antananarivo, le 20 juillet 2020. (RIJASOLO / AFP)

"Après quelques semaines de 'tergiversation' et d''observation', l'Etat a finalement donné son feu vert pour un recours à la vaccination dans la lutte contre la Covid-19", remarque Madagacar Tribune. Après une concertation entre les membres de l'académie nationale de médecine de Madagascar et le chef de l'Etat Andry Rajoelina, le gouvernement malgache a finalement décidé de recourir au vaccin, sans abandonner pour autant le remède anti-Covid local, le Covid Organics (CVO), selon le communiqué émanant de la présidence de la République malgache. La vaccination reste cependant facultative : "Il a été décidé que prendre le vaccin est un choix et ne devrait pas être obligatoire", indique le communiqué.

Président "réticent"

L'Etat malgache maintient l'utilisation du remède anti-covid local, le Covid Organics, dans les traitements curatifs et préventifs de la pandémie. Une utilisation contre laquelle l'OMS avait mis en garde en mai dernier, soulignant qu'à ce jour aucune étude scientifique ne prouvait son efficacité. Le samedi 20 mars, le président malgache s'est encore montré hésitant dans son intervention télévisée, en indiquant que lui et sa famille n'avaient pas l'intention de se faire vacciner, et préfèrent encore faire confiance au Covid Organics. Et pour répondre aux critiques de ses adversaires sur sa réticence à commander les vaccins, il leur a proposé sèchement de servir de cobayes. 

"Si on commande un vaccin, on va d'abord le tester sur l'opposition"

André Rajoelina, président de Madagascar

à l'AFP

Amnesty International avait dénoncé le 20 mars une atteinte aux droits des Malgaches de bénéficier des meilleurs soins possibles. Alors que la plupart des pays se démènent pour obtenir des vaccins "validés par l'OMS", le gouvernement malgache "recommande un traitement à base de plantes qu'il qualifie de 'remède miracle'", dénonce l'ONG dans un communiqué, alors qu'"aucun élément ne permet de penser" que le CVO "est efficace dans la prévention des infections au Covid-19". L'ONG affirme encore que l'absence de vaccins plonge de nombreux Malgaches "dans le désespoir", même si peu l'expriment "en raison du climat de peur instillé depuis un an, marqué par un durcissement de la répression des voix critiques".

"Tisane"

Le président Rajoelina a informé que son pays entrait dans une deuxième vague d'infections, précisant que le variant sud-africain du virus était présent dans l'île. Ce dernier mois, Madagascar a enregistré officiellement 2 483 nouveaux cas de coronavirus et 45 décès, a précisé le chef de l'Etat, affirmant que ces chiffres n'avaient "rien d'inquiétant".

Madagascar avait procédé dès avril 2020 à une distribution gratuite en grande pompe de la tisane anti-Covid, qui s'était interrompue à la fin du confinement en octobre. Lundi 22 mars, le président promet de la distribuer de nouveau gratuitement dans les quartiers les plus touchés par la pandémie. En un an, le pays a enregistré plus de 23 000 cas et 360 décès pour 25 millions d'habitants.

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