La tech africaine engagée dans la lutte contre le coronavirus
Innovations, inventions et débrouille... tout est bon pour lutter contre la pandémie. Les applications pour en freiner la propagation éclosent sur le continent.
Mêlant la technologie à l'art de la débrouille, plusieurs innovations plus ou moins prometteuses sont en entrain de naître sur le continent africain. Une équipe d’ingénieurs marocains a par exemple conçu un respirateur artificiel d’appoint d'à peine 700 grammes, simple et pas cher, baptisé par ses concepteurs INSHIRAH (Insuflator for Home Intelligent Remotely Automated Health).
Selon Abdelali Laamarti, coordinateur de l’équipe d’ingénieurs, "l'appareil se distingue par la facilité de son utilisation, sa légèreté, sa portabilité, son faible coût et sa disponibilité pour l’ensemble des Marocains". "Il peut être utilisé à domicile, avec la possibilité pour le personnel médical de le contrôler à distance." Cela permettra, par ces temps de contamination de masse et si le brevet est validé, de "désengorger les hôpitaux et de permettre aux patients qui n’ont pas encore atteint un stade avancé, de se soigner chez eux."
Une autre équipe marocaine a annoncé le lancement expérimental d’un "masque intelligent de détection automatique à distance". Conçu à partir d'une l’impression 3D, il contient une carte et des capteurs de température, d’humidité et de pression permettant de mesurer la pression et le cycle respiratoire, ainsi que le taux d’oxygène dans le sang spO2 (en le combinant avec un Oxymètre).
Pragmatisme et inventivité
Enfn, cette invention proposée par le professeur et scientifique spécialisé en biologie, Adnane Remmal. Il a développé avec la société Prime tech, spécialiste de la brumisation haute pression, une cabine de désinfection baptisée Safe Tube. "Il s'agit d’un système de brumisation haute pression qui détruit les virus et bactéries grâce à un dispositif qui diffuse des micros gouttelettes d’eau et de désinfectant à base de produits naturels." Le procédé s’enclenche à chaque passage grâce à un détecteur de mouvement. Ses cabines peuvent être déclinées à l’entrée de tout établissement, supermarché, banque ou hôpital.
Au Kenya, une application permet de répertorier les lits de soins intensifs dans les hôpitaux. C’est la mission de Upande, une entreprise sociale privée enregistrée dans le pays. Fondée pour fournir des services internet de cartographie web et de systèmes d'information géographique à une variété de clients, elle utilise depuis le 4 avril des données provenant de la Fédération des soins de santé du Kenya, pour visualiser le nombre de lits d'hôpitaux disponibles.
KLabs (initiée dans le cadre de l’initiative Bridge Africa), une application mobile utilisable sur tous les portables, permet de faire l’auto-évaluation des symptômes par l’utilisateur. C'est-à-dire une détection de base pour savoir si on est infecté avant un dépistage réalisé par des professionnels de la santé. Les cas suspects sont, ensuite, mis en relation avec les services compétents pour une prise en charge en cas de symptômes convergents.
REMA Medical Technologies, une plateforme basée à Cotonou, met gratuitement son outil de communication médicale au service des ministères de la Santé en Afrique. "Ce réseau d’échanges entre médecins d’Afrique est très novateur parce qu’il permet de mutualiser les efforts pour lutter contre le coronavirus", explique le président de Digital Africa, le Franco-Malien Karim Sy.
Enseignement à distance
Au Cameroun, l’Université de Yaoundé 1 a annoncé la suspension des cours au profit d’un nouveau système de télé-enseignement. Cela passe par la création d’une plateforme numérique dédiée à la mise en ligne des cours des enseignants, la mise en place des amphithéâtres numériques. Les médias télé et radio sont également encouragés à proposer des programmes éducatifs pour tous ceux ne disposant pas d’accès à internet. Le pays a également favorisé, dans la mesure du possible, le télétravail et la télémédecine qui y sont déjà répandus.
Suite à la fermeture officielle des écoles et des lieux publics, la bibliothèque publique de Kigali a décidé de proposer une offre numérique. Le public pourra accéder gratuitement aux 30 000 livres électroniques dont dispose l’institut. Abonné ou non, chacun devrait pouvoir s’en servir depuis un téléphone portable ou un ordinateur.
Reste à faire connaître et à généraliser les innovations les plus pertinentes, en espérant qu'elles arrivent rapidement.
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