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Le sodabi, alcool traditionnel béninois à la conquête du New York branché

Il a fallu la visite en 2012 d'un étudiant américain à un autre Américain en mission dans le nord du Bénin, pour que le sodabi, liqueur artisanale emblématique du pays, gagne ses lettres de noblesse de l'autre côté de l'Atlantique. Jake Muhleman, tombé sous le charme du breuvage à base de vin de palme, très consommé au Bénin, s'en est emparé, a revisité la recette avec son ami avant de l'exporter.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

Dans un vaste entrepôt à la périphérie de Cotonou, la capitale, des piles de cartons de bouteilles au design très soigné attendent de faire le voyage vers les Etats-Unis. Tambour original, product of Benin, précise l'étiquette de cet alcool à 45 degrés produit par les deux jeunes Américains.

A quelques mètres de là, trois distillateurs dernier cri contrôlés par des thermostats automatiques permettent de respecter les normes internationales.

Une recette ancestrale
Rien à voir avec le processus traditionnel visant à la fermentation de la sève des palmiers à huile, qui est distillée ensuite dans des alambics rudimentaires, chauffés au feu de bois. La liqueur obtenue est le plus souvent conservée dans des bouteilles en plastique recyclées.

Dans les villages, les producteurs ajoutent des feuilles ou des fruits macérés, chacun ayant son secret, pour en améliorer le goût ou lui apporter les vertus médicinales de certaines plantes.
 


Des vertus magiques
Couramment utilisé comme offrande au cours des cérémonies religieuses vaudoues, le sodabi est censé donner force et endurance, mais aussi augmenter la protection divine contre les mauvais esprits.

Une histoire et une culture que les deux Américains ont eu hâte de faire connaître dans le monde entier à travers un «vrai spiritueux».

Pour eux, pas question en effet de se contenter de reproduire le sodabi local, il fallait le valoriser. Ainsi, ils ont sillonné à moto le sud du Bénin à la rencontre de producteurs de vin de palme de qualité, pouvant leur fournir la matière première.

Il leur a fallu un an pour concocter leur recette.

Tambour, ça marche aussi en anglais
«Après la distillation, on ajoute un mélange de 14 ingrédients tropicaux, comme le gingembre ou la fleur d'hibiscus», détaille Jake, la trentaine. «C'est ce qui donne à notre boisson sa couleur cuivrée», alors que le sodabi artisanal est transparent.

Et si le goût âpre du vin de palme reste, des arômes à la fois fruités et épicés adoucissent le breuvage.

Quant à la marque Tambour , elle a été choisie car elle est «facile à prononcer en anglais», s'amuse le jeune homme, et parce que le tambour «est lié à la culture d'ici, les gens l'associent à l'Afrique de l'Ouest».

Un concours de liqueurs prestigieux
La distillerie tourne 24h/24 avec trois salariés, mais sa capacité de production est limitée à quelque 300 grandes bouteilles par mois, faute d'infrastructures suffisantes. Jake Muhleman dit miser sur une levée de fonds prochaine pour développer l'activité.

Pourtant, la consécration n'a pas tardé. Elle est venue dès 2015, lorsque Tambour original a reçu la médaille d'argent au San Francisco World Spirits Competition, le concours de liqueurs le plus prestigieux d'Amérique du Nord.

La boisson est aujourd'hui disponible dans une trentaine de bars et de magasins de spiritueux de la côte Est des Etats-Unis.

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