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Le succès des podcasts sur la sexualité dans les pays arabes

L’audience est majoritairement féminine au Moyen-Orient et dans les pays d'Afrique comme l'Egypte ou le Soudan, où le sexe est un tabou.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le Dr Sandrine Attallah, sexologue et animatrice du podcast "Haki Sarih" ('franc-parler") diffusé à partir du Liban. A Beyrouth, le 11 mai 2021.  (- / HAKAWATI NETWORK)

Si les médias classiques restent frileux sur les sujets concernant la sexualité dans le monde arabe, les podcasts, eux, brisent les tabous et abordent toutes les questions liées au corps, au bien-être et au plaisir. Le public est au rendez-vous et l’audience explose, surtout les femmes.

Une forte demande

Orgasme, masturbation, éjaculation précoce : on parle de tout dans les podcasts. Les émissions diffusées en arabe sont notamment suivies par un public dans les pays arabes. Jasadi (mon corps) traite aussi bien de santé physique et d’anatomie que d’expériences sexuelles. C'est l’une des émissions phares avec plus de 70% d'auditrices, selon la société de production Kerning Cultures basée aux Emirats arabes unis. Son audience a été multipliée par six depuis son lancement en 2019.

"Il y a un appétit croissant pour un contenu auquel les auditeurs peuvent s'identifier"

Hebah Fisher, cofondatrice de Kerning Cultures

à l'AFP

Un partage d’expériences

Dans l'un des trois podcasts les plus populaires de Jasadi, deux femmes, de Jordanie et du Soudan, discutent de manière anonyme de la première fois où elles ont entendu parler de sexualité. Ce sujet tabou a toujours été évoqué d’une manière implicite et floue "qui évoquait le dégoût", selon l'une d'elle. Les jeunes femmes arabes parlent aussi du conditionnement des esprits dès le plus jeune âge avec la moquerie concernant leur corps ou leurs organes génitaux. "Pas un seul mot se référant à notre anatomie sexuelle n'est utilisé de manière normale", déplore une participante à l'émission.

Le "droit d’informer"

Jasadi n'est pas le seul podcast visant à se libérer des tabous sur le sexe, encore enracinés au sein des sociétés arabes. Dans ces régions, l'éducation sexuelle, à l'école ou à la maison, est largement absente et les émissions tentent de rattraper le retard. Ayb (honteux), une production de la société Sowt basée en Jordanie, aborde également depuis 2017 des sujets liés notamment au sexe, de la pornographie à la masturbation.

Autre succès pour Haki Sarih (franc-parler), un podcast diffusé à partir du Liban et animé par une sexologue, le Dr Sandrine Attallah. Il a suscité plus d'un million de téléchargements et de flux, principalement en Arabie saoudite, en Egypte et aux Emirats.

Malgré cette avancée, la question de la sexualité, notamment lorsqu’elle est traitée par une femme, suscite toujours de la moquerie. Pas de quoi décourager les animateurs ou producteurs de podcasts qui revendiquent tous le droit à informer.

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