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Michel Boujenah en Tunisie: la grogne des réseaux sociaux, mythe ou réalité?

La venue du comédien Michel Boujenah au festival de Carthage a fait l’objet d’une médiatisation importante. En cause, l’appel d’un syndicat et du mouvements BDS à boycotter l’humoriste. Pour autant, la polémique annoncée sur les réseaux sociaux relevait plus du fantasme que de la réalité. Explications.
Article rédigé par Charles Bonnaire
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le spectacle de Michel Boujenah a été maintenu au 53e festival de Carthage, malgré les appels au boycott, le 19 juillet 2017. (FETHI BELAID / AFP)

«Nous n’étions pas contre sa venue, nous avons simplement rappelé des faits», explique à Géopolis Saïd Branin, le directeur d’Oumma.com. Sur son site, un article revient sur la polémique autour de la venue de Michel Boujenah au festival de Carthage. «L’amuseur public pas si drôle que ça» ne semble pas être le bienvenu en Tunisie, selon le site d‘actualité et de débat, les Tunisiens étant «plus enclins à applaudir des deux mains à l’éviction de Michel Boujenah (…) qu’à sa présence sur une scène.» Bien que le ton semble être orienté contre la venue du comédien, le directeur du site se défend et dit vouloir simplement susciter le débat. Et cela fonctionne… Les commentaires sur l’article sont longs, les avis détaillés.

Deux commentaires sur l'article d'Oumma.com, l'un pour la venue de Michel Boujenah, l'autre contre.  (Capture d'écran du site Oumma.com)
Tunisien et juif 
Le sujet derrière la venue de l'humoriste français est un sujet tabou, qui crispe: celui du soutien à Israël, et plus largement le conflit israélo-palestinien. Michel Boujenah est d'origine tunisienne et de confession juive. Doit-il soutenir les Palestiniens en tant que personnalité d'origine tunsienne? Doit-il défendre Israël en tant que juif? Ou l’inverse? Son avis est-il vraiment important? A ces questions, chaque internaute a sa réponse.
 
C’est le syndicat UGTT qui a lancé les hostilités le 4 juillet 2017. Dans un communiqué, l'Union a demandé au ministère de la Culture d’annuler le spectacle, donc à modifier la programmation du festival de Carthage. Finalement, le spectacle a bien eu lieu le 19 juillet. Face aux accusations de «sionisme», l’acteur a défendu son «amour pour la Tunisie».
 
Nombreux sont les sites d’informations à s’être emparés de cette histoire. Mais finalement, les articles sont souvent identiques, pour revenir sur les faits. D’autres sont orientés pour apporter un avis (ici, ici ou ). Dans cet ensemble de publications, seule Al-Jazeera semble avoir couvert la manifestation en étant sur le terrain.


Le «choc des points de vues»
Comme pour tout débat, chaque internaute est prompt à donner son avis, son analyse. Un sujet discuté l’est souvent parce qu’il est repris dans la presse. Il devient un sujet national, ce qui laisse à chacun le soin de venir donner son avis sur le sujet en question ou sur l’avis des autres. Pour Said Branine de Oumma.com, «sur les réseaux sociaux, le public est pluriel: c’est le choc des points de vues».

Manifestation à Carthage contre la venue de Michel Boujenah, le 19 juillet 2017. (FETHI BELAID / AFP)

Depuis la révolution en Tunisie, les réseaux sociaux sont fréquemment utilisés, particulièrement Facebook, qui a joué un son rôle d’amplificateur. Contacté par Géopolis, Facebook a confié ne pas avoir de statistiques fiables sur la Tunisie. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, il y a 158 millions de comptes. Le spécialiste des médias sociaux Djaziri Mohamed avance un chiffre de plus de 6 millions de comptes en Tunisie en se basant sur les «plateformes de diffusion publicitaires», soit la moitié de la population.

«Les réseaux sociaux n'ont pas grondé»
«Dans le monde arabe, on utilise plutôt Facebook, confirme Saïd Branine, donc on y va plus que Twitter.» Une internaute tunisienne confirme également que les pages Facebook sont plus utilisées, car l’engagement des internautes est plus important.



Depuis 19 ans, Oumma.com est sur internet dans le but de créer une aire de débat. La venue de Michel Boujenah? «On en a parlé, mais on est vite passé à autre chose, ce qui fait parler (sur Oumma.com), ce sont les controverses internes à l’islam, car tout le monde a un point de vue.» Sur la venue du comédien, les articles ce sont multipliés, les avis des uns et des autres également, mais sa venue n’a pas fait l’objet d’une critique unanime, comme certains articles de presse le laissaient penser. «Les réseaux sociaux n’ont pas grondé», confirme d’ailleurs le patron d’Oumma.com. La plupart des tweets ou des posts Facebook sont de simples reprises d'articles parlant de la venue de Michel Boujenah. 

Sur internet, tous les sujets sont discutés 
Pour ce type d’événement, le nombre d’articles est souvent important, y compris à l’étranger. En cause, un sujet sensible et une personnalité médiatique. De là à ce que l’on pense que les réseaux sociaux sont fortement impliqués, il n’y a qu’un pas, même si dans le cas de la venue de Michel Boujenah, il est compliqué de dire que c’est un sujet plus discuté qu’un autre. Sur internet, finalement, tous les sujets sont discutés.

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