Cet article date de plus de six ans.
Nigeria: le choléra ravage les camps de déplacés dans le nord-est du pays
Une épidémie de choléra «se propage rapidement dans des camps de déplacés surpeuplés qui ont un accès limité à des installations sanitaires décentes» dans le nord-est du Nigeria, région toujours en proie aux combats contre Boko Haram, a rapporté l’ONG Norwegian Refugee Council (NRC), le 12 novembre 2018. La maladie aurait déjà fait 175 morts et toucherait plus de 10.000 personnes.
Publié
Temps de lecture : 4min
«L’une des causes majeures de l’épidémie est le surpeuplement qui touche les camps, ce qui rend difficile leur approvisionnement en eau potable, le maintien de l’assainissement et de l’hygiène. La saison des pluies contribue à aggraver la situation», explique Janet Cherono, chef de projet du NRC à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno.
Près de 10.000 personnes, porteuses du virus, avaient été recensées début novembre, aux dires des autorités locales, citées par le site de l’ONG. L’épidémie de choléra, qui frappe les trois Etats du nord-est (Borno, Adamawa, Yobe) du Nigeria, a fait 175 morts, précise l’organisation norvégienne.
Celle-ci s'inquiète particulièrement de la «très forte concentration de population» dans les camps de déplacés ou dans les camps informels où se sont réfugiées les personnes fuyant les combats entre l'armée nigériane et les insurgés de Boko Haram. Rien qu’au Nigeria, plus de 1,8 million de personnes ont été déplacées en raison des conflits en cours, selon NRC. De son côté, l’Office international des migrations (OIM) parle de «plus de 2,1 millions dans le nord» du pays.
Au cours de la dernière décennie, le nord-est du Nigeria et d’autres zones du bassin du lac Tchad ont été touchés presque chaque année par des épidémies de choléra, «en raison des mauvaises conditions d’hygiène dans les camps de déplacés et chez les communautés d’accueil», rapporte le NRC.
«Dans le camp (…) de Kagoni Sangaya, par exemple, huit toilettes avaient été construites pour environ 150 personnes. Aujourd'hui, 500 personnes vivent dans ce camp», rappelle Janet Cherono.
Etat d’urgence sanitaire et promesses gouvernementales
Le président nigérian, Muhammadu Buhari, en campagne pour sa réélection en février 2019, a déclaré l’état d’urgence pour les approvisionnements en eau ainsi que pour les secteurs de l’assainissement et de l’hygiène.
Au Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique avec 180 millions d'habitants, un quart des habitants n'ont pas accès à des toilettes et «l'accès à l'eau courante a diminué: il est passé de 32% en 1990 à 7% en 2015», a rappelé le président du Nigeria, cité par le site du quotidien nigérian Guardian. «Notre pays occupe la 2e place au monde pour la défécation à l’air libre, phénomène qui concerne quelque 25% de nos concitoyens», a-t-il précisé.
«Cependant, personne n'a porté l'attention nécessaire à ce problème, à en juger par le nombre important de maladies liées à l'eau que l’on constate dans différentes parties du pays», a assuré Muhammadu Buhari. «On ne peut pas accepter que ces maladies prévisibles continuent à décimer notre population». Il a assuré que le développement des infrastructures en matière d’eau et celui des services d’assainissement et d’hygiène était une priorité de son gouvernement.
Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «le choléra est une infection diarrhéique aiguë», provoquée par l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés. La maladie est facile à traiter au moyen de sels de réhydratation notamment. Mais elle peut tuer en quelques heures en l’absence de traitement.
L'insurrection de Boko Haram et sa répression par l'armée ont fait plus de 34.000 morts depuis 2009. Selon des ONG citées par l’AFP, 11 millions de Nigérians ont un besoin urgent d'aide humanitaire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.