Paludisme : un vaccin développé par les scientifiques de l’université d’Oxford suscite l'espoir d'un déploiement massif
Le R21/Matrix-M est un vaccin antipaludéen qui dépasse pour la première l'objectif d'efficacité fixé à 75% par l'Organisation mondiale de la santé.
Le nouveau vaccin britannique R21/Matrix-M, mis au point par les chercheurs de l'université d'Oxford, s'est avéré efficace à 77% pour prévenir le paludisme, et peu cher à fabriquer. C'est la première fois qu'un vaccin dépasse l'objectif d'efficacité fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 75%.
Ce sérum pourrait représenter un tournant dans la lutte contre la maladie, a déclaré une équipe de recherche internationale, dans la revue Lancet Infectious Diseases. Pour le groupe ayant reçu la plus forte dose, l'efficacité du vaccin est passée à 80%, selon les résultats d'un essai de phase 2 publiés jeudi 8 septembre. Pour la dose la plus faible, l'efficacité était de 70%.
Pour l'étude, 450 enfants âgés de 5 à 17 mois au Burkina Faso, où le paludisme représente environ 22% de l'ensemble des décès, ont reçu trois doses en 2019. Avant la saison des pluies de 2020, 409 enfants sont revenus pour recevoir une injection de rappel. Un mois après avoir reçu ce rappel, les anticorps antipaludiques ont retrouvé un niveau similaire à celui observé après les premières doses reçues, selon l'étude.
"C'est fantastique de voir une efficacité aussi élevée après une dose de rappel unique"
Halidou Tinto, de l'Institut de recherche en santé du Burkina Fasoà l'AFP
Mieux que le vaccin GSK
Un autre vaccin produit par le géant pharmaceutique britannique GSK est devenu, l'année dernière, le premier vaccin antipaludique à être recommandé pour une utilisation généralisée par l'Organisation mondiale de la santé. Il a depuis été administré à plus d'un million d'enfants en Afrique.
Mais l'efficacité du vaccin de GSK diminuerait considérablement avec le temps, même avec une dose de rappel. Halindou Tinto, qui a participé à l'essai des deux vaccins antipaludiques, a déclaré que le vaccin de GSK avait une efficacité optimale d'environ 60%. "Je peux donc confirmer que R21 [le vaccin d'Oxford] est bien plus efficace", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
"Nous pourrions envisager une réduction très substantielle de ce fardeau horrible qu'est le paludisme, une baisse des décès et des malades dans les années à venir, certainement d'ici 2030", a pour sa part déclaré Adrian Hill, spécialiste des vaccins à Oxford et coauteur de l'étude. Selon lui, une diminution de 70% des décès dus au paludisme pourrait être atteignable dans ce délai, en partie grâce au grand nombre de doses de vaccin pouvant être produites rapidement. Oxford s'est associée pour cela au plus grand fabricant de vaccins au monde, le Serum Institute of India.
Un vaccin bon marché
L'Institut "souhaite et est capable de fabriquer 200 millions de doses par an à partir de l'année prochaine", a déclaré M. Hill. Et le vaccin d'Oxford coûterait quelques dollars américains par dose, la moitié des 9 dollars pour la version de GSK, a-t-il ajouté, suscitant l'espoir que ce vaccin bon marché puisse être produit à grande échelle dans quelques années.
Les résultats d'un essai de phase 3 impliquant 4 800 participants dans quatre pays sont attendus cette année, ce qui pourrait potentiellement conduire à l'approbation du vaccin. Après 60 années de recherche infructueuse, un espoir se lève contre ce fléau qui a tué 627 000 personnes − principalement des enfants africains − au cours de la seule année 2020.
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