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Sénégal : en Casamance, les agriculteurs se tournent vers le cannabis pour vivre

Cette région isolée et indépendantiste du Sénégal est devenue la première région productrice de cannabis du pays et d'Afrique de l'ouest.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La géographie de la Casamance en fait une région très isolée, qui permet la culture de la drogue à l'abri des regards de la police. (GUY CHRISTIAN / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

Le petit village de Kafoutine est la porte d’entrée d’un univers de mangroves, d’un entrelacs de canaux qui s’étend tout le long de la côte atlantique, jusqu’au fleuve Casamance. Ici, le cannabis est une ressource économique essentielle. La culture est illégale, et pourtant tous les champs sont réservés au chanvre. On peut comprendre. Il se vend 30 euros le kilo contre 70 centimes pour les oignons. "Si tu ne cultives pas (le chanvre), tu ne peux pas t'en sortir", explique à l’AFP un jeune cultivateur. Chaque parcelle peut produire 250 kg par récolte. Et la plante peut donner deux à trois récoltes par an…

Les rares visiteurs témoignent tous de l’omniprésence de cette culture. De gros ballots d’herbe sont stockés dans des hangars dans l’attente des revendeurs. Ces derniers viennent en pirogue chercher la cargaison.

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Reportage Clément Di Roma AFT TV

La culture du cannabis est étroitement liée au mouvement de rébellion du MFDC, le mouvement des forces démocratiques de Casamance. Cette région, enclavée entre Guinée-Bissau et Gambie, loin de Dakar, réclame son indépendance depuis très longtemps. Au début des années 1980, les armes ont commencé à parler. Le pouvoir sénégalais n’a jamais réussi à éradiquer le mouvement, et depuis, la région vit dans une ambiance de paix armée.

Le trafic de drogue a largement servi à financer la rébellion. Il fournirait entre 60 et 70% des revenus du MFDC. La géographie l’a favorisé. Ainsi, les îles Karones, situées à l’embouchure du fleuve Casamance, sont un terrain idéal pour le trafic.

Terres isolées

Entourées par la mangrove, on ne peut y accéder qu’en pirogue, en parcourant un dédale de canaux. Les forces sénégalaises s’y aventurent peu. Les rares saisies sont pourtant impressionnantes et donnent une idée de l’ampleur du trafic. En 1995, trois interventions permettent de détruire plus de 180 tonnes de cannabis.

Ainsi, grâce à la Casamance, mais pas que, le Sénégal fait désormais partie des plus gros pays producteurs de cannabis d’Afrique de l’Ouest, derrière le Nigeria et le Ghana.

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