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Sierra Leone: l'«enfer» dans des prisons hors d'âge

Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Aucune des huit prisons exceptionnellement ouvertes au journaliste de l'AFP n'échappe au «scandale national» dénoncé par des voix indépendantes en Sierra Leone. Le tableau est digne d'un Zola tropical: cellules surpeuplées et mal éclairées, où beaucoup de détenus sont en mauvaise santé, nourriture pourrie, blattes et punaises de lit, climat de violence... Visite en huit photos.

La prison de Mafanta, l'une des 8 prisons surpeuplées de la Sierra Leone.

Au centre pénitentiaire Mafanta à Magburaka (nord du pays), la présence du photographe suscite quelques sourires sur les visages des prisonniers, en tenue beige, dont la principale occupation consiste à attendre d'avoir un peu d'air lors de la promenade par petits groupes. «Sur les 4.525 détenus des prisons sierra-léonaises, nous avons 2.659 personnes en trop par rapport à la capacité des établissements contraints de trouver une place dans des cellules surpeuplées» explique Dennis Herman, directeur des ressources humaines du Service correctionnel de Sierra Leone (7,6 millions d'habitants). «Nous traitons les personnes en détention comme si elles n'existaient pas», s'indigne Ahmed Jalloh, un militant d'un groupe local de surveillance, Prison Watch.
  (SAIDU BAH / AFP)
Les tâches, aussi dures soient-elles, permettent aux détenus d'échapper à une promiscuité intolérable dans des locaux vétustes et puant l'urine et les excréments. La prison en pierre de Kenema (sud-est), troisième plus grande ville du pays, par exemple, a été construite en 1826 sous la domination coloniale britannique. Depuis, les lieux n'ont guère été réaménagés.

	  (SAIDU BAH / AFP)
Plus de 85% des prisonniers ont entre 15 et 35 ans. De nombreux jeunes sont détenus pour des délits mineurs et passent de longues périodes en détention provisoire ou pendant leur procès, ce qui entraîne une congestion dans les établissements, selon le juge de cour d'appel Nicholas Browne-Marke. «La majorité des détenus sont en prison pour vagabondage, vol de téléphone, drogue ou pour de simples disputes», admet-il.

	  (SAIDU BAH / AFP)
Le manque d'accès aux soins est monnaie courante, selon les surveillants pénitentiaires. Ici, à Magburaka, les détenus consultent pour une affection de gale, contagieuse et très répandue, faute d'hygiène. À Bo (sud), il n'y a qu'un seul agent de santé pour 300 détenus, dont beaucoup souffrent de maladies chroniques telles que la tuberculose, le sida et le paludisme. «Certains détenus, anémiques, sont trop faibles pour marcher autour des blocs cellulaires. Ils se glissent dans des coins pour un peu de nourriture, d'eau et d'espace», raconte l'agent de santé.

	  (SAIDU BAH / AFP)
Les détenus de Bo sont obligés de parcourir des kilomètres vers des ruisseaux pollués ou des puits creusés à la main pour remplir des jerricans et les ramener à la prison. «Étant donné le risque d'évasion, nous affectons habituellement de nombreux gardiens pour escorter les détenus», déclare un gardien. De ce fait, ils sont «stigmatisés par la population, qui les voit marcher dans la rue en tenue de prisonniers». (SAIDU BAH / AFP)
Un moment de répit apprécié par les détenus qui dénoncent, sous couvert d'anonymat, la «violence» qui éclate entre eux «pour la nourriture, l'eau et l'espace». En un mot l'«enfer». (SAIDU BAH / AFP)
Sur le papier, la prison de Kenema, construite il y a près de 200 ans, peut accueillir 75 détenus, mais ils sont environ 300, d'après son directeur Lamin Sesay. Au pénitencier de Bo, destiné à 80 détenus mais abritant 300 personnes lui aussi, le gardien Mohamed Opinto Jimmy raconte qu'entre 15 et 20 personnes sont entassées dans des cellules qui, selon la réglementation, devraient contenir un maximum de quatre occupants. (SAIDU BAH / AFP)
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