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Tunisie: les minorités sexuelles représentées au premier festival du film Queer

En lançant son premier festival cinématographique Queer, du 15 au 18 janvier 2018 à Tunis, l’association Mawjoudin veut mettre en avant les questions de genre et d’orientation sexuelle non normative. Et ouvrir ainsi la voie à une dépénalisation de l’homosexualité qui n'est pas à l'ordre du jour...
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

C'est une initiative inédite et hautement symbolique dans la lutte pour les droits des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, queers et intersexes (LGBTQI) en Tunisie. Au programme du Mawjoudin Queer Film Festival, des courts-métrages de quinze à vingt minutes, réalisés en Tunisie et dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Ces films s'articulent autour de la sexualité, l’identité et de l’expression du genre, avec le message «que nous sommes différents mais nous existons et que la différence est la bienvenue ici», souligne Senda Ben Jebara, membre de l'association Mawjoudin. 

«A travers ce festival, nous voulons donner un espace aux gens queer en général pour échapper à la pression sociale et pouvoir s'identifier à quelque chose, trouver un moyen de s'exprimer», précise-elle soulignant: «Nous nous battons non seulement légalement mais aussi à travers l'art.»

Instaurer le respect de la différence
Créée en 2014, l’association Mawjoudin We Exist vise à lutter contre la discrimination des personnes LGBTQI. Son objectif: instaurer un climat de tolérance et de respect dans la différence. «Ce festival émane des propositions des membres de l’association Mawjoudin au cours des séances du Cinexist (le club de cinéma de l'association, NDLR) qui existe depuis à peu près un an», explique un des coordinateurs de l’événement et porte-parole de l'association, au HuffPost Tunisie qui préfère garder l'anonymat pour préserver sa sécurité.

Depuis la révolution de 2011, plusieurs associations comme Shams, Damj, Chouf ou encore Mawjoudin, l'organisatrice de ce festival, sont sorties de l’ombre et ont obtenu un statut légal en Tunisie. Mais les personnes LGBTQI restent confrontées à un rejet social et à une législation hostile. L'article 230 du code pénal condamne en effet l'homosexualité à une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison.

Aucune abrogation de la loi n'est envisagée par l'Etat tunisien. Elle «n'aura pas lieu», avait assuré en 2015 le président Béji Caïd Essebsi sur une chaîne de télévision égyptienne.


Le festival a débuté avec le film Au-delà de l’ombre (Upon the shadow) de la réalisatrice Nada Mezni Hafaiedh, récompensé aux Journées cinématographiques de Carthage. Participaient à ce festival des artistes, des membres de la société civile et d'associations qui travaillent sur le sujet tels que l'ancienne femen tunisienne Amina Sboui qui est animatrice sur Shams radio.

Lancée par l'association Shams, l'un des porte-drapeaux de la communauté LGBT dans le pays, cette web-radio vise, selon son directeur Bouhdid Belhadi, «à sensibiliser (...) citoyens ordinaires et décideurs politiques à l'homophobie de la société et à défendre les libertés individuelles». Mais la radio est visée par une procédure judiciaire, en cours, qui pourrait ordonner sa fermeture.


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