Soudan : "Si ce conflit dure nous allons beaucoup souffrir", témoignent des habitants pris au piège des combats
Sans eau, ni électricité ni ravitaillement, les habitants de Khartoum sont pris au piège des combats. Ayman se tient inquiet, lundi 17 octobre, sur le seuil de son immeuble : "Dans le centre de la ville, de nombreuses personnes sont encore bloquées dans des bâtiments proches du quartier général de l’armée ou du palais présidentiel. Depuis le premier jour certains sont bloqués dans des banques, des écoles. Les blessés ne peuvent pas atteindre les hôpitaux".
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"Nous sommes des civils coincés au fond d’une tranchée. Partout, les Soudanais traversent des conditions terribles".
Ayman, habitant de Khartoumà franceinfo
Près de 200 personnes ont été tuées dans les affrontements opposant l'armée régulière et des forces paramilitaires depuis samedi. Dans les rues de la capitale, théâtre d'une guérilla urbaine, plusieurs cas de pillages et d’intrusions de miliciens dans les habitations ont été rapportés. Au moins cinq hôpitaux ont été frappés par des obus ou des tirs d’artillerie. Lundi soir, l'Union européenne a annoncé que son ambassadeur avait été "agressé dans sa résidence" à Khartoum.
"Le peuple a choisi son camp, soupire Ayman. Aucun de ces deux généraux ne nous représentera jamais. Ce ne sont pas des chefs d’État, sinon, aucune de ces balles n’aurait été tirée, aucun citoyen n’aurait été blessé, aucune âme ne se serait éteinte, ils nous auraient protégés. Que les armées rentrent dans leurs casernes et que les Forces de soutien rapide soient dissoutes ! Ce pays doit être gouverné par des civils, pas par des militaires".
Au Darfour, pénurie d'eau, d'électricité et de médicaments
À plus de 1 000 kilomètres de là, à Nyala, principale ville du Darfour, dans le sud-ouest du Soudan, des combats à l'arme lourde ont aussi lieu. La maison d'Ahmed Gouja tremble au rythme des détonations. "On entend des tirs à l’arme lourde, à tout heure du jour et de la nuit, raconte au téléphone le directeur de l'ONG Darfour Monitors. À 100 mètres de chez moi, un de mes voisins a été abattu d’une balle dans le dos".
"Au moins 22 civils ont été tués. Pourtant, les civils n’ont rien à voir avec tout cela. Ils ne sont liés à aucun des deux camps".
Ahmed Gouja, directeur de l'ONG Darfour Monitorsà franceinfo
Comme dans la capitale, le chaos favorise les pillages, explique Ahmed Gouja. Des milices s'en prennent aux centres médicaux, aux marchés, aux écoles : "Ils ont tout pris. Des ordinateurs, des voitures, et même des chaises. Il n’y a plus de police, plus de sécurité". Impossible, pour les 500 000 habitants de la ville, de s'approvisionner. "Ma sœur n’a pas un litre d’eau dans sa maison, déplore-t-il. Il n’y a plus d’électricité faute d’essence pour faire tourner les générateurs. Plus de médicaments, plus de marchés pour acheter de la nourriture. Si ce conflit dure nous allons beaucoup souffrir".
Trois employés du Programme alimentaire mondial ont été tués au Darfour et des stocks d'aides pillés. Ahmed Gouja voit ressurgir les fantômes de la guerre, débutée il y a 20 ans dans la région.
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