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Le Togo francophone veut adhérer au Commonwealth
Depuis 2014, le Togo souhaite intégrer le Commonwealth. Cela en raison de la bonne santé économique attirante des membres de l’organisation. Le pays d’Afrique de l’Ouest deviendrait ainsi le second Etat francophone, après le Rwanda, à rejoindre le très anglophone Commonwealth.
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En 2009, le Rwanda faisait sensation en intégrant l’organisation créée en 1931, soutien assumé à la couronne britannique et à son empire. A l’époque de sa fondation, elle se nomme même «British Commonwealth of Nations». Le lien de subordination avec Londres ne disparaît qu’en 1949, avec la décolonisation. Mais la majorité des pays n’en demeure pas moins anglophone, un «club» des anciennes possessions coloniales, écrivions-nous.
C'est le Mozambique qui a été le premier Etat n’utilisant pas l’anglais à rejoindre l’organisation en 1995, suivi du Rwanda. Depuis, la liste des candidats ne cesse de s’allonger.
La candidature du Togo date de 2014. Lomé participe assidûment au déroulé de la procédure d’adhésion. Ainsi en février 2017, une mission du Commonwealth a séjourné sur place durant trois semaines. L’objectif: évaluer le niveau de développement et de démocratisation du pays. Le cas du Togo devrait être examiné lors de la prochaine réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth, qui aura mieu en Grande-Bretagne en avril 2018.
Quel est intérêt d’intégrer le Commonwealth ?
Pour Robert Dussey, le ministre togolais des Affaires étrangères, l’intérêt est d’abord économique. «Quand on regarde la croissance économique aujourd’hui, elle se trouve surtout dans des pays membres du Commonwealth.» Sur le plan linguistique, le ministre rappelle que le Togo est frontalier du Ghana anglophone, et que, à la frontière, une partie de la population est bilingue.
Le Commonwealth représente aussi un vaste marché de 52 pays et de deux milliards de consommateurs, mais qui n’offre aucun avantage économique (exemple, pas de suppression de droits de douane entre les pays membres). A l’instar du Cameroun, le Togo pourra espérer, s'il devient membre, obtenir le financement de certains projets dans le domaine de l’éducation et de la formation.
Aux yeux de l’économiste Yve Akue Amaizo, cité par la Deutsche Welle, «le Togo a beaucoup à gagner». «Il va pouvoir sortir un peu du pré carré français. Si on travaille avec des partenaires différents, on va amener des techniques pour permettre à la productivité d’augmenter».
Un argument qui ne convainc pas l’universitaire Ayayi Togota Apdéo-Amah pour qui le Togo n’a pas de véritable projet de développement. Il «ne fait que tendre la main. Il espère qu'en allant du côté du Commonwealth, il pourra encore obtenir quelques subsides.»
L’opposition politique est tout aussi critique, condamnant une démarche «inopportune». «Nous avons d'autres priorités, notamment les réformes constitutionnelles et institutionnelles prévues par l’accord politique global signé devant la communauté internationale en 2006 et que le régime en place refuse d’opérer» a déclaré à l’AFP Eric Dupuy, porte-parole de l’ANC, principale formation d’opposition.
Rideau de fumée ?
L’autoritarisme du pouvoir est le maillon faible de la candidature du Togo. En 2005, grâce à l’appui de l’armée, le président Faure Gnassingbé a succédé à son père qui a dirigé le pays durant 35 ans d’une main de fer. Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir dans un bain de sang, alors que l’opposition se prévalait de 70% des voix. Aujourd’hui, l’opposition manifeste pour obtenir la limitation de la présidence à deux mandats (supprimé en 2002).
«Ça suffit, nous voulons des réformes!», réclamaient des pancartes lors d’une manifestation dans les rues de Lomé le 3 août 2017. Arrestations, détentions arbitraires, tortures et plus globalement atteintes à la liberté d’expression sont le lot commun du Togo. Une carte de visite peu favorable pour entrer dans une organisation prestigieuse.
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