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Tunisie. Deux vidéos compromettantes pour les islamistes d'Ennahda

Le chef islamiste Rached Ghannouchi a été filmé à son insu en train d'encourager les salafistes à étendre leur pouvoir. Les laïcs tunisiens dénoncent "le vrai visage" du parti islamiste. 

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
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Rached Ghannouchi, chef de file des islamistes tunisiens d'Ennahda, le 20 septembre 2012 à Tunis.  (FETHI BELAID / AFP)

TUNISIE - Les laïcs tunisiens sont ulcérés. Deux vidéos mises en ligne (vidéo en arabe) depuis quelques jours montrent Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahda, majoritaire au sein du pouvoir en place en Tunisie, rassurant des salafistes avec lesquels il a officiellement pris ses distances. 

"Lancez des radios, ouvrez des écoles"

Au cours d'une rencontre secrète en avril dernier avec des salafistes, Rached Ghannouchi, jusque là soucieux de s'en affranchir pour afficher une image modérée, explique à ses interlocuteurs comment étendre leur influence dans le pays.

"Les laïques contrôlent encore l'économie, les médias et l'administration (...) l'armée et la police ne sont pas non plus garanties", énumère-t-il en exhortant les salafistes à la patience. Et de leur conseiller de "faire tout ce qu' [ils peuvent] avec les cours de religion, à lancer des radios, des télévisions et ouvrir des écoles". Le leader islamiste s'appuye sur l'exemple du Front islamique du salut (Fis) algérien, qui a gagné le premier tour des élections en Algérie en 1992 grâce à ses actions sur le terrain social.

"On n'en peut plus de ce double langage"

"Je suis choqué (...) après avoir entendu cela de la part du chef du parti au pouvoir, j'ai peur pour la Tunisie", a déclaré Beji Caïd Essebsi, chef du gouvernement l'an dernier après la fuite à l'étranger du président Ben Ali. Il reconnaît avoir "commis une erreur en disant qu'Ennahda était un parti modéré"

"C'est le vrai visage d'Ennhada, on n'en peut plus de ce double langage, un langage pour l'extérieur et l'international, un langage pour leurs fidèles c'est extraordinaire, c'est pas de la politique, c'est du n'importe quoi", s'insurge Fatma Ksila, militante des droits de l'homme au micro de France Inter qui redoute un retour "au Moyen-Age"

Les services d'Ennahda ont, de leur côté, fait savoir que Ghannouchi s'était contenté de persuader les salafistes de choisir le cadre politique pour obtenir les changements qu'ils souhaitent. 

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