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La Tunisie se prépare à la grève générale

Des manifestations sont prévues dans tout le pays. Le symbole est fort : le dernier débrayage national remonte au 14 janvier 2011, et avait entraîné la chute du régime de Ben Ali.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des Tunisiens manifestent après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, jeudi 7 février à Tunis. (RYAD KRAMDI / MAXPPP)

La colère ne retombe pas en Tunisie, près de 48 heures après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. Les islamistes au pouvoir ont rejeté jeudi 7 février la formation d'un gouvernement de technocrates souhaitée par le Premier ministre, et le principal syndicat a annoncé une grève générale vendredi. Francetv info récapitule les dernières informations.

Grève géante dans tout le pays

Pour protester contre cet assassinat, la très puissante centrale syndicale UGTT (500 000 membres) a appelé à une grève générale. Le symbole est fort : le dernier débrayage national avait duré deux heures le 14 janvier 2011, participant à la chute du régime de Ben Ali, qui avait pris la fuite ce jour-là vers l'Arabie Saoudite.

La grève intervient dans un contexte économique et social très difficile, avec une multiplication des manifestations régulièrement réprimées contre le chômage et la misère, deux facteurs clé de la révolution de 2011. La présidence et le ministère de l'Intérieur ont appelé les Tunisiens à manifester dans le calme. 

Face aux risques d'instabilité, l'ambassade de France a appelé ses 25 000 ressortissants en Tunisie à la prudence et a annoncé la fermeture des écoles françaises (plus de 7 000 élèves) vendredi et samedi. Le ministère tunisien de l'Enseignement supérieur a parallèlement décidé la fermeture des universités de vendredi à lundi.

Imbroglio autour de la formation d'un nouveau gouvernement

La volonté exprimée mercredi par le Premier ministre Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrate en attendant de nouvelles élections pourrait rester lettre morte. Jeudi, son propre parti, Ennahda, a rejeté cette annonce. Jebali ne s'est pas exprimé de la journée, et la présidence a reconnu n'avoir reçu aucune nouvelle après l'annonce de mercredi.

"Tout changement au pouvoir doit se passer dans le cadre de la légalité représentée par l'Assemblée nationale constituante" (ANC), a indiqué un porte-parole de la présidence. Tout nouveau gouvernement doit ainsi être approuvé par l'ANC, dont Ennahda contrôle 89 des 217 sièges. Les islamistes sont alliés à deux partis de centre-gauche, dont le Congrès pour la République du président Moncef Marzouki.

Police et manifestants continuent de s'affronter

La journée a aussi été marquée par de nouveaux heurts entre quelques centaines de manifestants et policiers à Tunis, Gafsa (centre), Siliana (nord-est) et Sfax (est). Ces violences ont cependant été moins graves que mercredi, quand un policier avait été tué dans les affrontements ayant impliqué jusqu'à 4 000 manifestants à Tunis. Les tensions restent vives avant les funérailles de Chokri Belaïd, vendredi, dans le sud de la capitale.

Signe des craintes que la situation ne dégénère encore plus, la Ligue tunisienne des droits de l'homme a demandé jeudi aux autorités de protéger les personnalités politiques menacées. L'UGTT a d'ailleurs annoncé que son secrétaire général, Houcine Abbasi, avait reçu jeudi une menace de mort anonyme par téléphone dans la journée.

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