Cet article date de plus de neuf ans.
L'homosexualité en Tunisie: bientôt du nouveau?
L’homosexualité en Tunisie pourrait-elle être dépénalisée ? Pour l’instant, on en est loin… Mais les choses bougent, comme le montre une initiative publiée sur Facebook.
Publié
Temps de lecture : 4min
(Publié une première fois le 12 décembre 2014 sur le blog Tunisie, la démocratie en marche)
Avantage des réseaux sociaux : ils «ont permis de créer un espace de débat libre autour de divers sujets même les plus controversés», observe le site huffpostmaghreb. Notamment l’homosexualité. Ce n’est pas un hasard si deux mois après la révolution de janvier 2011 Gayday, le premier «e-magazine» gay, a été lancé dans le pays via internet.
Actuellement, «on ne peut (…) parler de communauté gay que dans les grandes villes comme Tunis, Sousse, Hammamet ou Djerba. Une sorte de nom de code est attribué à cette communauté : le Domaine. Ainsi, lorsqu’une personne est homosexuelle, elle est rattachée au Domaine», raconte le site Nawaat.
Pas facile d’être homo en Tunisie
D’une manière générale, il n’est pas forcément facile d’être homosexuel en Tunisie. «Il est possible de s’afficher publiquement dans la rue mais à condition d’avoir beaucoup de courage. En effet, les représailles sont nombreuses», poursuit Nawaat. Gayday a ainsi reçu des menaces via les réseaux sociaux.
La loi punit officiellement les relations du même sexe. La loi, c'est-à-dire l’article 230 du code pénal, qui précise que «la sodomie (…) est punie de l’emprisonnement pendant trois ans».
Dans l’immédiat, la situation n’est sans doute pas près de changer. Le ministre de la Justice a encore récemment refusé de modifier le code pénal. Il faut dire que le milieu politique tunisien reste conservateur, comme l’expliquent les observateurs.
«Il n'est pas question que la perversion sexuelle soit un droit humain. Ces personnes devraient se faire soigner. Ce sont des citoyens, mais ils doivent respecter les lignes rouges fixées par notre religion, notre héritage et notre civilisation», n’hésitait pas à affirmer, en février 2012, l’alors ministre islamiste des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou. Réaction de l’Association tunisienne de soutien des minorités: «Le patrimoine arabe témoigne pourtant de la reconnaissance de l'homosexualité dans la littérature et l'histoire des dynasties…»
Sous Ben Ali, «personne n’osait attaquer violemment un gay publiquement», affirme Nawaat. Mais entre 2011 et 2014, alors que le parti religieux Ennahda dirigeait le gouvernement, la loi était apparemment appliquée «à la lettre», selon certaines sources. Et l’on n’hésitait pas «à emprisonner les homos sur simple dénonciation». A la même époque, Tunis avait rejeté une recommandation du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la dépénalisation.
La nouvelle Constitution de janvier 2014, qui a élargi le champ des libertés individuelles, n’a rien changé. Les députés, «craignant de légitimer le mariage homosexuel, ont imposé la référence à la famille stricto censu (l’union d’un homme et d’une femme) dans la loi fondamentale», estime Jeune Afrique. Dans son article 7, ledit texte fondamental explique que «la famille est la cellule essentielle de la société» sans faire référence aux unions gays.
La société civile va de l’avant
Comme souvent en Tunisie, c’est la société civile qui va de l’avant. Une initiative intitulée«Pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie» a été lancée sur Facebook. Au 12 décembre 2014, 8435 personnes avaient déjà «liké» la page.
Selon huffpostmaghreb, le responsable de la page est un avocat répondant au pseudonyme de «Bayrem». «Le groupe à la source de cette initiative est composé d’une quinzaine de femmes et d’hommes», précise le site. Visiblement, ces derniers ont du pain sur la planche.
Avantage des réseaux sociaux : ils «ont permis de créer un espace de débat libre autour de divers sujets même les plus controversés», observe le site huffpostmaghreb. Notamment l’homosexualité. Ce n’est pas un hasard si deux mois après la révolution de janvier 2011 Gayday, le premier «e-magazine» gay, a été lancé dans le pays via internet.
Actuellement, «on ne peut (…) parler de communauté gay que dans les grandes villes comme Tunis, Sousse, Hammamet ou Djerba. Une sorte de nom de code est attribué à cette communauté : le Domaine. Ainsi, lorsqu’une personne est homosexuelle, elle est rattachée au Domaine», raconte le site Nawaat.
Pas facile d’être homo en Tunisie
D’une manière générale, il n’est pas forcément facile d’être homosexuel en Tunisie. «Il est possible de s’afficher publiquement dans la rue mais à condition d’avoir beaucoup de courage. En effet, les représailles sont nombreuses», poursuit Nawaat. Gayday a ainsi reçu des menaces via les réseaux sociaux.
La loi punit officiellement les relations du même sexe. La loi, c'est-à-dire l’article 230 du code pénal, qui précise que «la sodomie (…) est punie de l’emprisonnement pendant trois ans».
Dans l’immédiat, la situation n’est sans doute pas près de changer. Le ministre de la Justice a encore récemment refusé de modifier le code pénal. Il faut dire que le milieu politique tunisien reste conservateur, comme l’expliquent les observateurs.
«Il n'est pas question que la perversion sexuelle soit un droit humain. Ces personnes devraient se faire soigner. Ce sont des citoyens, mais ils doivent respecter les lignes rouges fixées par notre religion, notre héritage et notre civilisation», n’hésitait pas à affirmer, en février 2012, l’alors ministre islamiste des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou. Réaction de l’Association tunisienne de soutien des minorités: «Le patrimoine arabe témoigne pourtant de la reconnaissance de l'homosexualité dans la littérature et l'histoire des dynasties…»
Sous Ben Ali, «personne n’osait attaquer violemment un gay publiquement», affirme Nawaat. Mais entre 2011 et 2014, alors que le parti religieux Ennahda dirigeait le gouvernement, la loi était apparemment appliquée «à la lettre», selon certaines sources. Et l’on n’hésitait pas «à emprisonner les homos sur simple dénonciation». A la même époque, Tunis avait rejeté une recommandation du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la dépénalisation.
La nouvelle Constitution de janvier 2014, qui a élargi le champ des libertés individuelles, n’a rien changé. Les députés, «craignant de légitimer le mariage homosexuel, ont imposé la référence à la famille stricto censu (l’union d’un homme et d’une femme) dans la loi fondamentale», estime Jeune Afrique. Dans son article 7, ledit texte fondamental explique que «la famille est la cellule essentielle de la société» sans faire référence aux unions gays.
La société civile va de l’avant
Comme souvent en Tunisie, c’est la société civile qui va de l’avant. Une initiative intitulée«Pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie» a été lancée sur Facebook. Au 12 décembre 2014, 8435 personnes avaient déjà «liké» la page.
Selon huffpostmaghreb, le responsable de la page est un avocat répondant au pseudonyme de «Bayrem». «Le groupe à la source de cette initiative est composé d’une quinzaine de femmes et d’hommes», précise le site. Visiblement, ces derniers ont du pain sur la planche.
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