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Le déficit record de la balance commerciale tunisienne pèse sur son économie

Le déficit commercial de la Tunisie a atteint en 2018 un niveau record de 19,04 milliards de dinars (5,6 milliards d'euros environ), contre 15,59 milliards en 2017 et 12,6 milliards en 2016. Cette dégradation des échanges est notamment due à l’augmentation de la facture énergétique du pays.

Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Conteneurs dans le port de Rades, port commercial de Tunis, en 2018. (FETHI BELAID / AFP)

Concrètement, les importations ont augmenté de 20% alors que les exportations n’ont progressé que de 19,1%. Les plus importants déficits ont été enregistrés avec la Chine (-5,42 milliards de dinars, soit 1,6 milliard d'euros), l’Italie (-2,88 milliards), la Turquie (-2,30 milliards), l’Algérie (-1,45 milliard) et la Russie (-1,39 milliard). Le solde de la balance commerciale a cependant enregistré un excédent avec d’autres partenaires commerciaux de la Tunisie, dont la France (+3,45 milliards de dinars, soit environ un milliard d'euros ), la Libye (1,17 milliard) et le Maroc (324,7 millions de dinars).  

En cause, le prix de l’énergie. “Le déficit énergétique représente le un tiers du volume global du déficit commercial de la Tunisie”... C’est ce qu’a déclaré le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Ben Abdallah. Selon ce dernier, trois facteurs expliquent ce déficit énergétique : la hausse des prix de l’énergie sur le marché mondial, l’accroissement de la consommation nationale (due notamment à l’utilisation de la climatisation) et enfin un recul de la production nationale (en raison d'une baisse de la prospection). 

La dépréciation de la valeur de la monnaie nationale explique aussi la hausse du coup des importations en valeur. A prix constants, fin novembre 2018, on constate "une hausse en volume des exportations de 3,7% et des importations de 1,1%". Sur un an, la valeur du dinar aurait baissé de plus de 20% par rapport au dollar et de plus de 16% par rapport à l’euro.

Déficit des comptes publics

Ces différents éléments s’ajoutent à d’autres difficultés économiques, comme notamment le déficit des comptes publics. Le pays est pourtant engagé dans un certain nombre de "réformes" difficiles sous l’impulsion du FMI qui a finalement validé la quatrième tranche de son prêt à Tunis, décidé en 2016. Pour cela, "les autorités tunisiennes ont souligné leur intention de continuer à agir de manière décisive pour contenir le déficit budgétaire", a précisé le FMI. La banque internationale a ainsi noté que "rester sur la voie de la réduction du déficit budgétaire cette année et l'année prochaine est essentiel pour stabiliser la dette et réduire la demande excessive d'importations, étant donné l'augmentation importante des prix internationaux du pétrole".  

Tous les indices ne sont cependant pas dans le rouge pour l’économie tunisienne. Le pays a ainsi enregistré un nombre record de touristes depuis 2010 et le pays a connu une croissance de 2,6% en rythme annuel au premier semestre. Reste que la situation sociale est tendue. Une grève générale de tous les services publics a paralysé le pays le 17 janvier alors que les salariés sont touchés par une inflation de plus de 7,5% (en 2018) et qu’un chômage de plus de 15% persiste.

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