Tunisie: l'opposition appelle le président Kais Saied à démissionner "immédiatement" après le fiasco des législatives
Tempête politique en Tunisie. Le chef de la principale coalition d'opposants en Tunisie a appelé dimanche 18 décembre le président Kais Saied à "partir immédiatement", après le fiasco des législatives de la veille, marquées par un taux d'abstention massif de plus de 92%. Dans un entretien téléphonique à l'AFP, le président du Front de salut national (FSN), Ahmed Nejib Chebbi, a estimé que ce scrutin "montre que très très peu de Tunisiens cautionnent la démarche de Kais Saied".
Il s'agit du pire taux de participation à des élections en Tunisie depuis la Révolution de 2011, qui avait chassé du pouvoir le dictateur Ben Ali et fait émerger la première démocratie du monde arabe. "C'est un grand désavoeu populaire", a commenté Nejib Chebbi au sujet des manœuvres politiques du président Saied, qui avait gelé le Parlement fin juillet 2021 et limogé son Premier ministre, s'emparant ainsi de tous les pouvoirs.
Une démocratie dans l'impasse
Après son coup de force puis la dissolution du Parlement, dénoncés depuis des mois comme "un coup d'Etat" par l'opposition, le président Saied a fait adopter cet été par référendum une Constitution controversée, qui réduit drastiquement les prérogatives du Parlement. Il a aussi réformé le mode de scrutin utilisé samedi pour les législatives, en interdisant toute affiliation politique pour les candidats. Des changements qui ont provoqué l'ire de la plupart des partis tunisiens, avec pour effet un large boycott de l'élection organisée ce samedi.
Pour le politologue Hamadi Redissi, interrogé par l'AFP, ce taux de participation extrêmement faible aux législatives "est inattendu car même les prévisions les plus pessimistes tablaient sur 30%" comme au référendum sur la Constitution. "C'est un désaveu personnel pour M. Saied qui a tout décidé tout seul", a ajouté l'expert, estimant que "sa légitimité est en cause". Toutefois, selon le spécialiste, "la situation est bloquée" car "il n'existe aucun mécanisme juridique pour destituer le président" dans la nouvelle Constitution de 2022. Le futur Parlement n'aura, au mieux, que la possibilité de censurer le gouvernement – mais à l'issue d'un processus long et complexe.
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