Tunisie : le président Kaïs Saïed renforce ses pouvoirs au détriment du gouvernement et du Parlement
Après avoir suspendu les travaux du Parlement et limogé le Premier ministre fin juillet, le chef de l'Etat a pris mercredi des dispositions exceptionnelles dans des décrets qui renforcent le pouvoir présidentiel. Une décision qui suscite l'ire de l'opposition.
Des "mesures exceptionnelles" qui inquiètent. Le président tunisien Kaïs Saïed a formalisé, mercredi 22 septembre, son coup de force du 25 juillet en promulguant des dispositions renforçant ses pouvoirs au détriment du gouvernement et du Parlement, auquel il va de facto se substituer en légiférant par décrets.
Ces dispositions, qui tendent à présidentialiser le système de gouvernement hybride encadré par la Constitution de 2014, ont suscité l'ire du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principal adversaire de Kaïs Saïed, dans un pays miné par les divisions et les crises politiques successives ces dernières années.
La balance penche du côté de la présidence
Ces mesures renforcent en outre les inquiétudes pour la pérennité de la démocratie en Tunisie, seul pays à avoir réussi sa transition démocratique après le Printemps arabe dont il fut le berceau en 2011. "Les textes législatifs sont pris sous forme de décrets-lois et promulgués par le président de la République", prévoit l'un des articles décidés par Kaïs Saïed et publiés dans le Journal officiel.
Les prérogatives présidentielles énumérées dans le texte confèrent à Kaïs Saïed le droit de désigner et limoger des ministres, nommer les diplomates en poste à l'étranger et procéder aux nominations dans la haute fonction publique. Dans le système en place régi par la Constitution de 2014 que Kaïs Saïed souhaite amender, l'essentiel du pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement et les mesures annoncées mercredi font clairement pencher la balance du côté de la présidence.
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