Cet article date de plus d'onze ans.
Tunisie: quelles atteintes aux droits de l'Homme à Sfax ?
Si l’on en croit Amnesty International, le respect des droits de l’Homme s’est amélioré en Tunisie depuis la chute du régime Ben Ali. Pour autant, nombre de problèmes persistent. Exemple à Sfax, seconde ville du pays, avec le réquisitoire de Lassaad Jamoussi, secrétaire général de la branche régionale de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH).
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«A Sfax, comme partout en Tunisie, on continue à observer des violations graves des droits des citoyens», observe Lassad Jamoussi. Exemple : les violences, notamment contre les détenus les plus précaires dans les locaux de la police et dans le milieu pénitentiaire où «la vie est déjà très dure». «Là, les représentants de l’Etat laissent faire», juge le représentant de la LTDH.
Les violences touchent aussi le monde du travail. «Ainsi, des syndicalistes infirmiers ont été arrêtés par la police à l’hôpital en juillet 2012. Attachés à des chaises, ils ont été frappés.»
Apparemment, certains citoyens isolés se font également tabasser de manière arbitraire. «Comme cet homme, arrêté par un policier qui entendait mettre sa motocyclette à la fourrière. Il a alors demandé un reçu. A la place, il a été roué de coups et s’est retrouvé à l’hôpital avec une hémorragie interne».
Dérives
D’une manière générale, juge Lassaad Jamoussi, «les espaces de liberté ont rétréci depuis que le mouvement islamiste Ennahda» a pris la direction du gouvernement fin 2011. Notamment à cause de l’action des «ligues de protection de la révolution» (LPR), «groupes de miliciens» de ce parti, «qui se trimbalent d’une région à une autre».
«Ils sont partout pour essayer de déstabiliser, de provoquer. Ainsi, quand des ouvriers municipaux d’une commune près de Sfax se sont mis en grève, ils ont été pris à partie par un petit groupe qui les a insultés en les traitant de ‘‘traîtres à la révolution’’. Ils ont également été tabassé.s.
Autre exemple : «A la suite d’une grève dans une sous-préfecture de la région, des membres des LPR se sont placés devant le siège de cette administration, ont empêché des fonctionnaires qui avaient débrayé de se rendre à leur travail et les ont chassés.»
Pour le responsable régional de la LTDH, la collusion avec Ennahda, qui gère également la municipalité de la ville, ne fait aucun doute. «J’ai ainsi été invité à une réunion avec un groupe ministériel portant sur un programme de développement régional. Le jour de cette réunion, des personnes ont manifesté non loin de là, dans un jardin public, pour demander à rencontrer le ministre à qui ils voulaient soumettre des revendications. Elles ont été chassées par des jeunes gens qui, un peu plus tard, filtraient l’entrée de l’hôtel où devait se dérouler la rencontre. Je les ai pris en photo. Photos que j’ai montrées aux responsables de la ville et au chef de la police. Mais personne ne savait qui était ces individus !»
Pour Lassaad Jamoussi, cela ne fait aucun doute : à travers tous ces actes, «on assiste actuellement en Tunisie à une stratégie déjà expérimentée dans l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste ou l’Iran». Les islamistes cherchent à «gagner du temps. Ils épuisent l’armée, déployée partout dans le cadre de l’état d’urgence depuis janvier 2011. Ils infiltrent tous les organes de l’Etat et les organes de presse. Ils pratiquent le clientélisme. Ils montent de toutes pièces de nouvelles associations de bienfaisance, pédagogiques, culturelles, de lecture du Coran… Le but étant de doubler la société civile. Celles-ci sont très riches, alors que des organisations comme la nôtre ont beaucoup de mal à trouver de l’argent».
Et de poursuivre : «La situation est extrêmement difficile. Mais il y a des lueurs d’espoir, comme, par exemple, ces actions de formation de policiers que nous menons avec leurs syndicats. D’une manière générale, l’avenir dépend de notre combativité. Heureusement, la société civile reste très combative !»
Les violences touchent aussi le monde du travail. «Ainsi, des syndicalistes infirmiers ont été arrêtés par la police à l’hôpital en juillet 2012. Attachés à des chaises, ils ont été frappés.»
Apparemment, certains citoyens isolés se font également tabasser de manière arbitraire. «Comme cet homme, arrêté par un policier qui entendait mettre sa motocyclette à la fourrière. Il a alors demandé un reçu. A la place, il a été roué de coups et s’est retrouvé à l’hôpital avec une hémorragie interne».
Dérives
D’une manière générale, juge Lassaad Jamoussi, «les espaces de liberté ont rétréci depuis que le mouvement islamiste Ennahda» a pris la direction du gouvernement fin 2011. Notamment à cause de l’action des «ligues de protection de la révolution» (LPR), «groupes de miliciens» de ce parti, «qui se trimbalent d’une région à une autre».
«Ils sont partout pour essayer de déstabiliser, de provoquer. Ainsi, quand des ouvriers municipaux d’une commune près de Sfax se sont mis en grève, ils ont été pris à partie par un petit groupe qui les a insultés en les traitant de ‘‘traîtres à la révolution’’. Ils ont également été tabassé.s.
Autre exemple : «A la suite d’une grève dans une sous-préfecture de la région, des membres des LPR se sont placés devant le siège de cette administration, ont empêché des fonctionnaires qui avaient débrayé de se rendre à leur travail et les ont chassés.»
Pour le responsable régional de la LTDH, la collusion avec Ennahda, qui gère également la municipalité de la ville, ne fait aucun doute. «J’ai ainsi été invité à une réunion avec un groupe ministériel portant sur un programme de développement régional. Le jour de cette réunion, des personnes ont manifesté non loin de là, dans un jardin public, pour demander à rencontrer le ministre à qui ils voulaient soumettre des revendications. Elles ont été chassées par des jeunes gens qui, un peu plus tard, filtraient l’entrée de l’hôtel où devait se dérouler la rencontre. Je les ai pris en photo. Photos que j’ai montrées aux responsables de la ville et au chef de la police. Mais personne ne savait qui était ces individus !»
Pour Lassaad Jamoussi, cela ne fait aucun doute : à travers tous ces actes, «on assiste actuellement en Tunisie à une stratégie déjà expérimentée dans l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste ou l’Iran». Les islamistes cherchent à «gagner du temps. Ils épuisent l’armée, déployée partout dans le cadre de l’état d’urgence depuis janvier 2011. Ils infiltrent tous les organes de l’Etat et les organes de presse. Ils pratiquent le clientélisme. Ils montent de toutes pièces de nouvelles associations de bienfaisance, pédagogiques, culturelles, de lecture du Coran… Le but étant de doubler la société civile. Celles-ci sont très riches, alors que des organisations comme la nôtre ont beaucoup de mal à trouver de l’argent».
Et de poursuivre : «La situation est extrêmement difficile. Mais il y a des lueurs d’espoir, comme, par exemple, ces actions de formation de policiers que nous menons avec leurs syndicats. D’une manière générale, l’avenir dépend de notre combativité. Heureusement, la société civile reste très combative !»
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