Cet article date de plus d'onze ans.

Z, un caricaturiste sous X en Tunisie

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Architecte de formation, Z pratique l’art de la caricature depuis moins de 10 ans. Il livre des dessins qui s’attaquent crûment et férocement à la censure et aux tabous de la société tunisienne. Il reçoit fréquemment des menaces de mort. Pour pouvoir continuer à travailler librement, il est contraint de conserver son pseudonyme et un anonymat total.

Il refuse de donner son nom. On ne peut donc que l’appeler par une seule lettre, la dernière de l’alphabet. Mais à propos, pourquoi Z ? Il a pris ce pseudo par hasard quand il s’est agi de rentrer un code pour ouvrir son blog, debatunisie.com. Cela aurait aussi bien pu être X, mais cela faisait un peu porno…
 
Sa démarche, sans concession, est clairement politique : elle vise tous ceux qui bloquent l’évolution de la société tunisienne, entre Ben Ali, les islamistes et les salafistes. Il revendique une «liberté totale» pour, dit-il, «détabouïser». Pour cette «détabouïsation», son trait se fait âpre, féroce et sans pitié. Il entend «aller jusqu’au bout» et approuve Charlie Hebdo quand cet hebdomadaire publie des caricatures de Mahomet.

Voyage dans l’univers de Z...

A lire: En Tunisie, la lutte passe aussi par la caricature

DEBATunisie, le blog de Z

Ben Ali prenant l'avion pour l'Arabie Saoudite le 14 janvier 2011. Z a dessiné cette caricature quelques semaines avant la fuite. Comme qui dirait un dessin prémonitoire... (Z - DEBATunisie)
L'ex-dictateur Ben Ali, de son exil en Arabie Saoudite, s'étrangle en voyant à la télévision un salafiste hissé sur la grande horloge qui se tient au bout de l'avenue Bourguiba à Tunis.  (Z - DEBATunisie)
Ben Ali est parti. Mais ses ex-partisans (en mauve, couleur du parti de l'ancien président) jurent que tous n'étaient pas corrompus comme l'était le dictateur. Mais au fond d'eux-mêmes, ils n'ont pas changé, estime le caricaturiste. En clair: quand on est né «bénaliste», on le reste... (Z - DEBATunisie)
Z s'intéresse ici au procès du responsable de Nessma TV qui avait diffusé en octobre 2011 le fameux film Persépolis dans lequel on voit une fillette s'adressant à Dieu personnifié. Il s'agit là de l'un des premiers combats, hautement symbolique, opposant partisans et aversaires de la laïcité et de la liberté d'expression vis-à-vis notamment de la religion. Dans ce dessin, le caricaturiste brise lui aussi le tabou. (Z - DEBATunisie)
Le président Moncef Marzouki, qui n'est pas issu de la mouvance islamiste, est caricaturé à propos de son attitude à l'automne 2012 dans l'affaire Baghdadi. Baghdadi al-Mahmoudi, ex-Premier ministre libyen, s'était réfugié en Tunisie après la chute de régime de Mouammar Kadhafi. Marzouki, ancien représentant d'Amnesty International, avait défendu l'extradition.

Selon les organisations des droits de l'homme, un procès équitable de l'ancien dignitaire est impossible. Il a été torturé dans sa prison libyenne, affirme son avocat. Des représentants de l'ONU, qui ont pu lui rendre visite, ont déclaré qu'il «semble en bonne forme physique et mentale». (Z - DEBATunisie)
Sur l'écran de télévision céleste apparaît Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahda, formation qui dirige le gouvernement. Le personnage est très controversé et souvent accusé de «double langage». Il apparaît devant les représentants des trois religions du Livre que sont le judaïsme, le christianisme et l'slam: Moïse, le Christ et Mahomet. Le caricaturiste entend railler Ghannouchi que certains de ses partisans ont comparé à un compagnon du prophète musulman. (DEBATunisie)
Sidi Bouzid (centre), berceau de la révolution de 2011, s'est soulevé à l'été 2012 contre le gouvernement jugé responsable de la pauvreté extrême qui frappe la région. Le caricaturiste ironise sur la réaction du parti islamiste Ennadha, qui dirige le gouvernement, face à ces évènements.  (Z - DEBATunisie)
Z s'en prend ici à sa manière, provocante, aux Comités de protection de la révolution (CPR), présentés par les adversaires d'Ennadha comme des milices au service du parti islamiste. Au premier plan, la caricature de Rached Ghannouchi, leader d'Ennahda. «J'ai voulu montrer que parmi leurs membres, on trouve un mélange de salafistes, de bandits, de flics», explique Z. (Z - DEBATunisie)
La Tunisie en crise navigue dans des eaux fort tumultueuses, comme le Radeau de la Méduse, célèbre tableau de Géricault. Les salafistes, embarqués avec les autres naufragés, veulent faire croire que leur conception de la religion pourra sauver le pays écrasé par ses difficultés politiques, économiques et sociales, explique la caricaturiste.  (Z - DEBATunisie)

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