Zimbabwe : la crise économique provoque des émeutes à travers tout le pays
La forte hausse des prix du carburant décidée par le gouvernement a provoqué des émeutes. Le bilan est lourd, on compte déjà trois morts dont un agent de police lapidé par des manifestants à Bulawayo, la seconde ville du Zimbabwe. L’armée est désormais déployée dans les rues pour tenter de ramener le calme dans les principales villes du pays. Le pasteur Evan Mawarire, principale figure de l’opposition a été arrêté.
La première centrale syndicale du pays, le Zimbabwe Congres of Trade Union (ZCTU), a appelé à la grève générale et les partis d’opposition ont accompagné le mouvement.
Le gouvernement, prétextant une pénurie, a augmenté le prix des carburants de 150%, le gasoil atteignant désormais 3,11 dollars le litre, alors que les salaires tournent autour de 300 dollars par mois. "Les gens se battent pour survivre. On ne peut pas juste s’asseoir et regarder. Nous appelons au blocage du pays", a lancé le pasteur Evan Mawarire.
Our fuel tanks are on #EMPTY, Our bank accounts are On #EMPTY, our Hospital resources are on #EMPTY, our Education is on #EMPTY, the job market is on #EMPTY, freedom is on #EMPTY & our Christmas is #EMPTY all because ZanuPF promises & policies have ALWAYS, ALWAYS BEEN #EMPTY pic.twitter.com/gE9hwxPxyG
— #ThisFlag (@ThisFlag1980) 16 décembre 2018
"Nos réservoirs sont vides, nos comptes en banque sont vides, nos hôpitaux n’ont plus de moyens, notre système éducatif pareil et notre Noël est vide, tout ça car les promesses et la politique du ZanuPF ont toujours, toujours été vides". #ThisFlag
"Annulez les trajets qui ne sont pas indispensables et utilisez les vélos, quand c’est possible pour faire le maximum d’économies", s’est contenté de répondre le ministre de l’Information Energy Mutodi. Selon le ministre des Finances, Mtuli Ncube, les prix de l'essence au Zimbabwe sont trop bas et cette pénurie est due au trafic. "Des étrangers en profitent pour en acheter au Zimbabwe et le revendre à l'étranger."
Inflation record
Autre plaie de l’économie zimbabwéenne, la crise financière et monétaire qui perdure depuis des années. En 2009, le pays a abandonné sa devise nationale dépréciée par l’hyperinflation au profit du dollar.
Puis en 2016, faute de billets verts, sont introduits les billets d’obligation. De vulgaires bons imprimés, dont la valeur a été indexée sur le dollar. En fait, l’inflation aidant, ces bons ne valent plus aujourd’hui que le tiers de leur valeur initiale. L’opposition réclame la "dollarisation de l’économie" pour de mettre fin à l’instabilité monétaire. Peter Mutasa, le patron du ZCTU, réclame que les salaires soient versés en dollars.
Emeutes
Les habitants sont désormais dans la rue, et les violences se multiplient un peu partout dans le pays. La Zanu-PF, le parti au pouvoir issu de l’indépendance, est particulièrement critiquée. Jugée incapable, elle est la cible des attaques. Dans la ville de Kadoma, des manifestants ont mis le feu aux bureaux du parti.
A Bulawayo, souligne le Daily News, certains quartiers ont été totalement bloqués, notamment les banlieues, par des barricades. Des bandes de jeunes ont opposé une vive résistance aux forces de l’ordre qui tentaient de reprendre possession des rues. Des boutiques ont été pillées et des véhicules incendiés.
Répression
Le ministre de l’Intérieur avait prévenu : toute manifestation lancée par l’opposition serait interdite par la force. En effet, Cain Mathema accuse des leaders politiques et des organisations "d’agitation afin de renverser le gouvernement constitutionnellement élu". Il est vrai que l’opposition à la Zanu-PF ne s’y retrouve pas dans cette révolution de palais, qui a vu le remplacement de Robert Mugabe par son bras droit Emmerson Mnangagwa. "Le remplacement de Mugabe en 2018 n’a eu aucun effet. Nous n’en avons retiré aucun bénéfice pour l’heure", écrit le Newzimbabwevision. C’est juste un clone de Mugabe."
Le pasteur Evan Mawarire a fait les frais de ce mouvement de protestation. Il a été arrêté par la police à son domicile le 16 janvier. De quoi attiser la contestation.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.