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Crash du vol d'Air Algérie : les défis de l'enquête dans le nord du Mali

Zones inaccessibles, débris et corps difficiles à récupérer, boites noires endommagées... Francetv info revient sur les difficultés auxquelles font face les enquêteurs.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des fleurs et des bougies sont déposées autour de photos de victimes libanaises du crash du vol d'Air Algérie, à l'aéroport de Ouagadougou, au Burkina Faso, samedi 26 juillet 2014. (SIA KAMBOU / AFP)

L'enquête sur le drame de l'avion d'Air Algérie au Mali s'annonce longue et difficile. Quatre jours après le crash qui a fait 118 morts dont 54 Français, les autorités françaises assurent lundi 28 juillet que les raisons pour lesquelles l'avion s'est écrasé dans le Nord du Mali pourraient être connues dans plusieurs semaines. 

Francetv info liste les défis de cette enquête. 

Une des deux boîtes noires endommagée

L'exploitation des boîtes noires, arrivées lundi en France, pourrait prendre des semaines. L'une a enregistré les paramètres de vol, tandis que l'autre contient les conversations dans le cockpit. Mais pour l'instant, les enquêteurs du Bureau d'enquêtes et analyses (BEA) français travaillent "à l'ouverture de ces boîtes, ils travaillent à l'extraction des données. (...) Le travail qui est le leur prendra du temps. Si les données sont exploitables, leur analyse, leur lecture, demandera peut-être plusieurs semaines", a déclaré le secrétaire d'Etat français aux Transports, Frédéric Cuvillier, lors d'une conférence de presse.

Or, selon une source proche de l'enquête, une des deux boîtes noires serait extérieurement très endommagée, ce qu'a confirmé lundi le BEA : "L'enregistreur phonique a été endommagé par les conditions d'impact", a fait savoir l'organisme. 

La première boîte noire avait été récupérée vendredi par l'armée française venue sécuriser le site du crash dans la zone de Gossi, à environ 100 km de Gao. La seconde a quant à elle été récupéré samedi par des experts de la mission de l'ONU au Mali (Minusma). En attendant que ces dernières ne livrent de précieuses informations, les experts n'ont qu'une certitude : l'équipage espagnol a demandé à "rebrousser chemin" avant que le contact ne soit perdu, alors que la météo était "mauvaise". Des éléments rappelés par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius

Des débris et des corps difficiles à étudier

Le chef de la diplomatie française a également insisté sur la difficulté à récupérer les dépouilles des victimes, comme le président François Hollande s'y est engagé. "Le recueil des dépouilles des victimes est engagé. Il se fait dans des conditions extrêmement difficiles. (...) Les restes sont pulvérisés, la chaleur accablante", a-t-il expliqué.

Photo de la zone du crash dans la région de Gossi, au Mali, le 25 juillet 2014, prise au sol par l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense.  (ECPAD / AFP)

"Il est aujourd'hui difficile de pouvoir récupérer quoi que ce soit, et même pour les corps des victimes", avait déclaré dès samedi le général burkinabè Gilbert Diendiéré, cité par l'AFP. "Je pense qu'il est très difficile de pouvoir les récupérer parce que nous avons vu seulement des morceaux de chair humaine qui jonchaient le sol", expliquait-il.

Une zone difficile d'accès

Le drame est survenu dans une zone de savane et de sable très difficile d'accès. Pour rejoindre les lieux, "militaires et enquêteurs doivent avoir recours à des hélicoptères, avec 45 minutes de vol, ou subir un long trajet par la route", explique Le Figaro.fr"De Gao, la grande ville du nord du Mali et le centre névralgique de l'armée française dans le pays, il faut deux heures aux convois pour parcourir les 150 km jusqu'à Gossi, le bourg le plus proche du site de l'accident. Ensuite, pour les 80 km restants, sept à huit heures de piste et de tout-terrain." 

Une vue aérienne du site du crash, présentée lundi 28 juillet 2014 au ministère des Affaires Etrangères.  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Outre le caractère isolé de la zone, ses spécificités, tant climatiques que sécuritaires, font de cette enquête un défi logistique, détaille le site du quotidien. "Il faut apporter le matériel nécessaire aux investigations mais aussi la nourriture et l'eau, alors que les températures caniculaires sont pénibles à supporter. Des tractopelles, des congélateurs, des moyens de transmission ont été acheminés lundi, ainsi que 2 500 rations et 23 000 litres d'eau", poursuit Le Figaro.

Une enquête internationale

Quelque 200 militaires français sont déployés sur le site pour le sécuriser, accompagnés par des forces maliennes et de l'ONU. Des experts maliens, espagnols, algériens participeront également à l'enquête, ainsi que des américains, nationalité du fabricant de l'avion, un McDonnell Douglas MD-83, loué par Air Algérie auprès de la société espagnole SwiftAir.

"Un coordinateur sera nommé dans les prochaines heures pour assurer le contact avec les familles des victimes", a également prévenu Laurent Fabius lundi. "La coopération internationale est à l'œuvre pour que nous sachions ce qui est advenu de l'appareil"a assuré pour sa part le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. "Ce qui doit être fait le sera en partenariat entre nos différents pays: l'Algérie, la France, le Burkina Faso et le Mali."

En France, après l'ouverture jeudi d'une enquête préliminaire pour "homicides involontaires", un juge d'instruction doit être désigné mardi. Dimanche, le gouvernement malien a indiqué avoir fait de même après l'annonce de la découverte des débris de l'avion, tandis que le Burkina Faso a également annoncé l'ouverture par le procureur de Ouagadougou d'une enquête judiciaire pour rechercher les causes de la catastrophe. Cependant, seul le président de la Commission d'enquête du Mali est habilité à communiquer sur le résultat des travaux en cours.

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