"Il y a toute une histoire de l'Amazone à reconstituer" : des chercheurs français en mission sur le plus grand fleuve du monde
Des scientifiques français vivent actuellement au rythme de l'Amazone à bord de leur bateau. La journée, ils font des prélèvements et des analyses, et la nuit, ils dorment dans des hamacs sur le pont supérieur. Ces chercheurs vont tenter de percer les mystères du plus grand fleuve au monde. Ils ont quitté la ville de Manaus, au Brésil, début juillet, pour naviguer sur le fleuve et comprendre son fonctionnement.
"Il faut imaginer l'Amazone comme un grand tapis roulant de sable, des grandes dunes de sable qui avancent sous nos pieds, que l'on voit au fur et à mesure et qui déchargent une quantité de sable impressionnante", décrit Agnès Baltzer, enseignante-chercheure à l'université de Nantes, spécialisée en géoscience marine.
L'Amazone charrie ainsi plus d'un milliard de tonnes de sédiments par an, des sédiments qui se déversent dans l'Atlantique et qui l'influencent. C'est justement l'un des axes de recherche de ces chercheurs, avec notamment des relevés sismiques.
Un fleuve au débit hors norme
"Un profil sismique consiste à émettre un son, une onde acoustique qui va se propager dans le sous-sol, explique Marina Rabineau, directrice de recherche au CNRS à Brest. Cela doit permettre d'avoir une image verticale du sous-sol. On va donc pouvoir voir les géométries des dépôts et on va essayer de reconstituer l'histoire de ces dépôts au cours du temps".
Ces analyses doivent donc permettre de retracer l'histoire de l'Amazone. Ce fleuve apporte à lui seul 20 % des eaux douces continentales aux océans. Son débit est hors norme : jusqu'à 20 kilomètres de large et 100 mètres de profondeur par endroit.
"Il y a toute une histoire de l'Amazone à reconstituer pour savoir à quel moment exactement il prend son cours actuel et puis, sur l'évolution des volumes qu'il draine au cours du temps en fonction des variations climatiques, des périodes glaciaires, interglaciaires, et des changements de climat et de précipitations", précise Marina Rabineau.
Les chercheurs français et brésiliens vont également étudier l'impact de l'orpaillage et celui de la déforestation sur l'Amazone, ainsi que l'ampleur de la pollution microplastique.
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