Argentine : la contestation monte contre les réformes ultralibérales du président Javier Milei

Des milliers d'Argentins sont descendus ces derniers jours dans les rues de Buenos Aires, pour protester contre un projet de loi de dérégulation massive du nouveau président.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des manifestants à Buenos Aires, la capitale de l'Argentine, pour protester contre les réformes du nouveau président Javier Milei. (CAROLINE VICQ / RADIOFRANCE)

Quinze jours après être arrivé au pouvoir, le nouveau président argentin Javier Milei trouve de la résistance. En plus des marches de syndicats et d’organisations sociales, de plus en plus de manifestations spontanées d’Argentins se tiennent contre les mesures annoncées par Milei. Ce dernier veut déréguler massivement l'économie du pays, avec des privatisations, des licenciements dans la fonction publique, une libération des prix et une dévaluation de la monnaie.

En guise de protestation, les Argentins sortent sur leur balcon ou en bas de chez eux et font simplement du bruit. En général, ils tapent sur une casserole avec une spatule ou une cuillère, une modalité de protestation qui a commencé lors de la crise économique de 2001. La casserole vide était alors un symbole des pénuries. Depuis lors, dès que les gens sentent le besoin de s'exprimer spontanément, ils tapent sur leurs casseroles. Et depuis une semaine, chaque jour dans différents quartiers de la capitale Buenos Aires, ce bruit métallique répétitif résonne en signe de mécontentement.

Ces protestations peuvent être étonnantes, alors que les Argentins viennent d'élire Javier Milei, économiste de formation qui se revendique de "l'anarcho-capitalisme". Le nouveau président a de surcroît été très franc lors de sa campagne et avait promis dès le début une révolution libérale. Parmi les Argentins dans la rue, il y a bien sûr ceux qui n'ont pas voté pour lui. Mais il y a aussi ceux qui pensaient qu'il n'allait pas faire tout ce qu'il avait annoncé pendant la campagne. Enfin, d'autres trouvent que le président va trop vite et surtout va trop loin.

Dérégulation des loyers et vente libre de médicaments

Outre ces protestations, la semaine a été particulièrement intense sur le plan politique, puisque Javier Mirei a signé un décret d'urgence qui modifie 300 lois. Mercredi 27 décembre, il a déposé au Parlement un projet de loi de 350 pages avec deux choses en parallèle. D'un côté, le décret d'urgence qui entrera en vigueur vendredi 29 décembre, en attendant la décision finale du Parlement. L'intérêt d'un décret d'urgence pour le président est qu'il est d'abord appliqué, et ensuite débattu. Parmi les mesures de ce texte : le prix des loyers fixés librement par les propriétaires, la vente de médicaments dans n'importe quel commerce sans la présence obligatoire d'un pharmacien ou encore le libre achat de terres.

Et de l'autre côté il y a ce "méga-projet de loi", comme il est surnommé en Argentine, avec 664 articles à traiter. Pour ce faire, Javier Milei a convoqué le Parlement en session extraordinaire pour débattre de ce texte qui vise à déréguler totalement l'économie et à transformer la structure de l'État. Le projet prévoit par exemple la restriction du droit de grève, l'extension de la légitime défense, en particulier en faveur des forces de l'ordre, ou encore la privatisation de 41 entreprises publiques.

Ces mesures chocs indignent donc certains Argentins. Mais une grande partie des habitants continuent tout de même de soutenir Milei qui, fort de son triomphe électoral avec 11 points de plus que son rival, n'a pas perdu de temps pour mettre en œuvre toutes ces dérégulations.

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