Arizona : un condamné à mort agonise pendant près de deux heures après une injection létale
Le prisonnier a succombé dans d'apparentes souffrances.
Son calvaire a duré près de deux heures, au cours desquelles il a "haleté" et "grogné". Un condamné à mort américain, Joseph Wood, 55 ans, a succombé au terme d'une agonie sans précédent après une injection létale, mercredi 23 juillet, dans l'Arizona (Etats-Unis). L'injection a commencé à 13h52 (heure locale) et sa mort a été déclarée à 15h49, a indiqué une porte-parole du procureur général de l'Arizona. Soit bien loin des dix minutes, comme c'est le cas habituellement.
Il a "suffoqué et cherché sa respiration pendant environ une heure et quarante minutes", a dénoncé son avocat Dale Baich, qui avait déposé une motion en urgence devant la Cour suprême pour qu'elle arrête l'exécution, alors que le prisonnier était encore en vie plus d'une heure après l'injection.
"Nous ne pouvons pas continuer à torturer"
Le cas de Joseph Wood a immédiatement relancé la polémique sur cette méthode d'exécution aux Etats-Unis. "L'Arizona semble avoir rejoint plusieurs autres Etats irresponsables dans une horreur qui était absolument prévisible", a fustigé l'avocat.
"Les Américains en ont marre de cette barbarie", a fait savoir Diann Rust-Tierney, de la Coalition nationale pour abolir la peine de mort. Cette spécialiste de l'injection létale a évoqué une exécution "inacceptable", "choquante". "Nous ne pouvons pas continuer à torturer, à mettre les gens sur une table d'exécution pendant deux heures et à espérer qu'ils meurent", a déploré de son côté le directeur du Centre d'information sur la peine capitale.
Discrétion autour des produits utilisés
Joseph Wood a été mis à mort avec l'anesthésiant midazolam combiné à de l'hydromorphone, un dérivé de la morphine. Les deux produits avaient été utilisés lors d'une exécution qui avait mal tourné en janvier, dans l'Ohio, le condamné ayant gémi pendant 26 minutes.
Au cours des dernières 24 heures, Joseph Wood avait déposé plusieurs recours jusqu'au plus haut niveau de la justice américaine, pour contester le secret qui entoure la procédure d'injection létale dans cet Etat. Il avait dénoncé les risques de souffrances inconstitutionnelles qu'il risquait d'encourir, en l'absence d'informations sur les produits utilisés, leur origine, leur méthode de fabrication et sur les qualifications des personnels chargés de les injecter. En vain.
Dans les 32 Etats où la peine de mort est en vigueur, les autorités ont recours à des préparateurs en pharmacie non homologués pour fabriquer les produits d'injection, depuis le refus des fabricants européens d'en fournir à des fins d'exécution.
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