Au Mexique, pays rongé par la violence politique, une veuve poursuit la campagne électorale de son mari assassiné
La campagne pour l'élection présidentielle de dimanche touche à sa fin, dans un contexte d'extrême violence. Plus de 120 personnalités politiques ont été assassinées.
"Les coups de feu de la haine, de la rancœur, de la lâcheté, ont pris la vie de mon mari." À Apaseo El Alto, petite ville au nord de Mexico, Maria del Carmen Ortiz se tient droite face à la foule, livide. Au Mexique, la campagne pour les élections, présidentielle et locales, se termine. Le scrutin est prévu dimanche 1er juillet. Les dernières semaines ont été d'une exceptionnelle violence.
Chez Maria del Carmen Ortiz, les rideaux sont tirés, le salon est plongé dans l’obscurité. La femme courageuse qui parle dans les meetings dévoile un tout autre visage. "Je n’ai pas perdu un homme politique, j’ai perdu mon mari. C’est pour lui, pour le rêve qu’il poursuivait."
Elle n’a mis que deux jours à accepter de poursuivre la campagne à la place de son mari, José Remedios Aguirre, 34 ans, candidat à la mairie d'Apaseo el Alto, assassiné le 11 mai dernier. "Le candidat était en train de monter des marches, le tueur était derrière lui, raconte Wilfried, qui était à quelques mètres de lui. Quand il a vu que le candidat était seul, il a sorti son arme et il lui a tiré une balle dans la nuque. La personne qui a empêché Remedios de s’effondrer m’a crié ‘Willy, aide-moi !’ J’ai couru, mais c’était trop tard, il n’y avait rien à faire."
Le sang coulait partout... C’est ça le Mexique.
Wilfried
Une protection rapprochée
Cinq agents fédéraux sont chargés de protéger la veuve de José Remedios, pistolet à la ceinture, armes lourdes cachées dans des étuis à guitare. C’est dans ce climat étouffant que Maria del Carmen fait aujourd’hui campagne, en reprenant le combat de son mari contre la corruption, contre le crime organisé. Un discours courageux, qui a coûté la vie à José Remedios, estime Hugo, un ami d’enfance. "Vous savez, on vit dans un pays, un Etat, une ville, extrêmement dangereux, où tout est fragile. Toi et moi, le simple fait qu’on soit là et que tu m’interviewes, c’est un risque. N’importe quelle personne qui tente de changer le système ici va forcément prendre un risque. Toujours !"
Six journalistes et 127 personnalités politiques ont été assassinés pendant cette campagne électorale, c’est le prix payé aujourd’hui par la société mexicaine pour dénoncer les réseaux de corruption qui rongent ce pays.
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