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Ce que les Américains peuvent savoir sur leurs voisins, sans avoir à le demander

Armes, passé criminel, couleur politique... de plus en plus d'informations privées sont mises à disposition par des sites. 

Article rédigé par franceinfo
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Un quotidien local de l'Etat de New York, "The Journal News", a réalisé une carte interactive répertoriant le nom et l'adresse de chaque personne possédant un permis de port d'arme. (THE WASHINGTON POST / GETTY IMAGES )

Aux Etats-Unis, pas besoin d'organiser une fête des voisins arrosée pour découvrir les obscurs secrets des personnes qui vivent à vos côtés. Anciens cambrioleurs, violeurs multirécidivistes, amateurs d'armes ou fervents démocrates... les données personnelles s'étalent sur la toile, selon le principe d'une transparence chère aux Américains. Francetv info dresse la liste de ces informations pas si confidentielles, d'autant plus propices à circuler que la tuerie de Newtown a relancé le débat sur les armes à feu et la violence outre-Atlantique. 

Il/elle possède une arme à feu

Dimanche, un quotidien local de l'Etat de New York, The Journal News, a réalisé une carte interactive répertoriant le nom et l'adresse de chaque personne possédant un permis de port d'arme dans les comtés de Rockland et de Westchester, a indiqué jeudi Slate.fr. Titré "Le propriétaire d'une arme à feu près de chez vous : ce que vous ignorez sur les armes dans votre quartier" (lien en anglais), l'article publié dimanche précise que ces informations ont été obtenues via le département d'Etat, conformément à la loi sur la liberté de l'information (Freedom of Information Act). Il a par ailleurs estimé que les comtés concernés comptaient une arme pour 23 personnes. 

Carte des personnes possédant un permis de port d'armes dans le comté de Westchester, dans l'Etat de New York, aux Etats-Unis, publiée dimanche 22 décembre par le quotidien local "The Journal News".  (GOOGLE MAPS / LOHUD.COM)

Cependant, les informations demeurent partielles : "Les administrateurs des comtés concernés ont refusé de divulguer le nombre et le genre de pistolets possédés, et quel type de permis a été accordé", a rapporté le blog Big Browser du Monde.fr, lequel se fait l'écho d'un des très nombreux commentaires négatifs accolés à l'article : "Je n'arrive pas à croire que ces abrutis aient publié ces infos. Nettoyez votre disque dur, stockez vos munitions, ça pourrait se révéler utile, asseyez-vous et attendez que les gauchos se pointent. Un vrai jeu d'enfant."

Le journaliste à l'origine de cette enquête, Dwight R. Worley, détient lui-même un Smith & Wesson, a précisé le site internet dès la publication de l'article. Mais rapidement, des blogs pro-armes se sont chargés de diffuser son adresse exacte et numéro de téléphone. 

Il/elle est un prédateur sexuel

Depuis 2005, le site Family Watchdog.com (le chien de garde de la famille - lien en anglais) dresse la carte des personnes condamnées pour des crimes sexuels et résidant aux Etats-Unis. La nature de l'agression, ainsi que le nom, la photo, l'adresse et les éventuels pseudonymes des délinquants sexuels répertoriés figurent dans cette base de données géante destinée à "fournir [à l'internaute] le meilleur moyen de protéger sa famille - la connaissance".

Depuis 2005, le site Family Watchdog.com répertorie les noms et adresses des délinquants sexuels. (GOOGLE MAPS / FAMILY WATCHDOG.COM)

Par ailleurs, les délinquants sexuels des Etats-Unis sont répertoriés dans un fichier librement accessible sur internet via le site National Sex Offender Public Website. Enfin, ils sont contraints dans certains Etats de faire mention de leur condamnation sur la toile : la Louisiane a ainsi adopté en juin une loi les obligeant à mentionner leur(s) condamnation(s) dans leurs profils sur les réseaux sociaux, tels que Facebook ou Twitter, avait rapporté PCINpact. 

Il/elle a été condamné(e) et pourquoi 

Il n'y a pas que les délinquants sexuels qui peuvent se retrouver géolocalisés. Le site FelonSpy.com se targue de croiser les différentes bases de données disponibles pour localiser non seulement les personnes condamnées pour des crimes sexuels, mais aussi pour tous les autres types de crimes et de délits, indique le site, et ce à partir d'un nom ou d'une adresse. Une démarche "parfaitement légale", assurent ses administrateurs. "Rappelez-vous, la sécurité commence par une bonne information, même si cela doit se règler avec un calibre .44", clame la page d'accueil.

Pour ce qui est des homonymes ou des erreurs, il faudra s'en accomoder. Le site indique ne retirer aucun profil : "Il n'y a pas d'erreur sur ce site, et si vous pensez qu'il y en a une, vous êtes probablement le type de criminel dont nous devons nous méfier", prévient-il. 

 Qui il/elle soutient politiquement 

"Fundrace permet facilement de savoir, en cherchant par nom ou adresse, quel candidat ou parti politique soutiennent vos amis, collègues, membres de votre famille ou voisins", précise le site d'information HuffingtonPost.com (en anglais), qui a développé cette application. Les données les plus anciennes remontent à la campagne de 2004. 

Le Huffington Post américain publie la liste des personnes ayant contribué par leurs dons aux campagnes présidentielles.  (GOOGLE. COM / HUFFINGTON POST.FUNDRACE.COM )

Et demain : il/elle souffre de troubles mentaux ? 

Si les Américains pro-armes à feu ont accueilli négativement l'initiative de The Journal News sur les permis de port d'arme, le puissant lobby de la National Rifle Association (NRA) n'est pas hostile à toutes formes de listes. A la suite de la fusillade de Newtown, le directeur de la NRA, Wayne LaPierre, a ainsi mentionné l'idée d'un registre des personnes souffrant de troubles mentaux, a indiqué The Washington Post (lien en anglais). Et qui sait, demain, l'apparition d'un site détaillant la santé de votre voisin de palier.

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