Etats-Unis : l'exécution d'un déficient mental arrêtée in extremis en Géorgie
GEORGIE - La Cour suprême de cet Etat estime que le nouveau protocole d'injection létale nécessite d'être mieux connu avant d'être utilisé.
Le suspense, jusqu'au bout. L'exécution d'un condamné à mort souffrant de troubles mentaux a été suspendue lundi 23 juillet en Géorgie (sud-est des Etats-Unis), à deux heures de l'instant fatal, en raison d'un changement de procédure d'injection létale, a décidé la Cour suprême de cet Etat. L'exécution par injection létale de Warren Hill était programmée à 19 heures (1 heure du matin, à Paris). Il devait être le premier condamné exécuté en Géorgie par l'injection d'un seul produit, le pentobarbital, au lieu de trois produits auparavant.
Dans sa décision, la Cour suprême de Géorgie a accédé à la requête de la défense qui lui demandait de surseoir à l'exécution. L'Etat, qui avait mis à mort un autre condamné Noir, Troy Davis, le 21 septembre 2011, malgré des doutes sur sa culpabilité, vient de changer de protocole d'exécution en "s'appuyant sur l'expérience d'autres Etats". Mais la Cour s'est demandée, dans sa décision, si la justice avait fait "une erreur de jugement en concluant que la décision des autorités pénitentiaires de changer la procédure d'exécution ne violait pas la loi de Géorgie".
"Faire des recherches" sur le mode d'injection
"On a besoin de plus de connaissance sur cette injection unique", a réagi Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale. "A peine une poignée d'exécutions ont eu lieu dans le pays avec ce produit". La Géorgie, qui avait déjà retardé cette exécution la semaine dernière, "a changé de méthode à la veille de l'exécution, poursuit-il. Ce n'est pas le premier Etat à le faire mais il l'a fait dans un délai très court, ce n'est pas suffisant pour faire des recherches".
Warren Hill, âgé de 52 ans, dont 21 passés dans le couloir de la mort, a été condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un codétenu alors qu'il purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour avoir tué sa petite amie. Doté d'un QI inférieur à la normale, le détenu a été diagnostiqué avec un retard mental par plusieurs experts et tribunaux.
En 2002, la Cour suprême américaine a interdit l'exécution de condamnés déficients mentaux car leur handicap "ferait courir le risque d'une exécution arbitraire". Mais elle a laissé chaque Etat fixer les conditions requises pour déterminer ce type de handicap. L'affaire suscite un débat sur la sévérité des critères retenus par la Géorgie pour définir le retard mental. Il s'agit du seul Etat américain qui requiert que le retard mental soit prouvé "au-delà d'un doute raisonnable".
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