Haïti : 70 candidats en lice pour la présidentielle
La liste définitive des candidats à l’élection présidentielle haïtienne vient d’être publiée. Rien que pour le poste de chef de l’Etat, il n’y a pas moins de 70 postulants ! Une offre pléthorique que les Haïtiens connaissent bien et appellent la «candidatite». Cette pseudo maladie épidémique flambe déjà en temps normal à l’approche de chaque élection. 2015 sera marquée par une très violente poussée de candidatite face à 6.000 postes à pourvoir !
Procédure
Pour pouvoir postuler à la présidence de la République, il faut que le candidat, s’il est ancien ministre ou haut fonctionnaire, produise une décharge. Il s’agit d’un document fourni par le Parlement et attestant d’une bonne gestion, par le postulant, des fonds publics. Problème : le Parlement n’ayant pas été renouvelé depuis 2011, a cessé de fonctionner en janvier 2015. Il est submergé par la préparation, qui accuse donc trois ans de retard, des législatives et autres sénatoriales à venir.
La délivrance du certificat de «bonne gestion », le fameux certificat de décharge, n'a pas pu se faire.
Par conséquent, les candidatures doivent être validées par le conseil électoral provisoire (CEP). L’organisme ayant les pires difficultés à mener à bien les enquêtes nécessaires à l’établissement du document, deux semaines après la clôture des listes, la plupart des candidats n’a toujours pas reçu de certificat de décharge.
L’idée de contourner la difficulté a effleuré quelques esprits. Ainsi, l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe, qui s’est inscrit au bureau du CEP a suggéré que l’exécutif sorte un décret en faveur des anciens comptables de deniers publics. Ce que le président a refusé. Il n’empêche que certaines candidatures ont tout de même été d’ores et déjà rejetées.
Comme celle de Sophie Martelly, l’épouse du président, dont la nationalité haïtienne n’est pas clairement établie et qui ne peut donc pas postuler aux sénatoriales.
Présidentielle : folklore et argent
La Constitution haïtienne n’autorisant pas deux mandats successifs, le président sortant, une ancienne gloire de la chanson sentimentale, ne peut se représenter. En revanche beaucoup d’anciens ministres, députés ou sénateurs sont présents. Des médecins, des hommes d’affaires et même l’ancien correspondant de l’AFP à Haïti se verraient bien investis de la magistrature suprême. Résultat : 70 candidats dont 6 femmes !
Une grande partie des inscriptions a eu lieu dans les 24h précédant la clôture, pour ménager une forme de suspense. Les dépôts de candidatures sont souvent faits en grande pompe avec force orchestre et mises en scène, quand le candidat ne vient carrément pas la déposer à cheval. Il faut avant tout marquer les esprits, première étape d’une campagne longue et onéreuse. Car mener campagne revient cher aux candidats.
Ils doivent déjà s’acquitter d’une somme de 500.000 gourdes (10.500 dollars) pour pouvoir s’inscrire. En cas de rejet de la candidature, la somme est perdue. Ensuite, il faut sillonner les dix départements du pays, imprimer des affiches sur lesquelles se trouve la photo du candidat, un numéro le caractérisant et le symbole de son parti pour aider les nombreux analphabètes du pays à s’y retrouver. «L'argent sera malheureusement toujours au coeur des élections,» regrette Edmonde Beauzile, ancienne sénatrice et candidate à la présidentielle.« Certains veulent tout acheter, même les votes. Pour moi, qui refuse ces pratiques, la campagne sera dure mais c'est un combat que je veux mener pour mon pays».
Ce pays de 10.4 millions d’habitants, ne s'est pas encore remis du tremblement de terre de 2011 et n'arrive pas à se débarrasser du choléra importé par le contingent de l'ONU venu leur porter aide et secours. Haïti dont la situation économique et sanitaire est dramatique, doit pourvoir à tous ces postes et votera les 9 aout, 25 octobre et 27 décembre 2015, si tout va bien…
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