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L'échec de McDo en Bolivie

En 2002, faute d'une clientèle solide, le géant du fast-food quitte définitivement la Bolivie. La fermeture de sept restaurants dans ce pays coïncide avec un plan de restructuration global de la chaîne. Le départ de la multinationale a été remis sur le tapis en novembre 2011 avec la sortie d’un documentaire racontant la chute de Ronald McDonald au pays des empanadas.
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
En novembre 2002, au lieu de demander des jouets, des enfants boliviens avaient écrit au père-Noël pour lui demander d'empêcher la fermeture de McDonalds. (REUTERS/David Mercado)

Les empanadas, chaussons de maïs, vs les hamburgers impérialistes. C’est l’idée véhiculée par un documentaire sortie en Bolivie fin 2011 intitulé "Por qué quebro McDonalds en Bolivia ? ou  Pourquoi McDo a-t-il fait faillite en Bolivie ? Les réalisateurs racontent le retrait de la firme du pays en 2002.

Bande annonce du documentaire en espagnol

La thèse du documentaire : McDo n’a pas survécu dans un pays où la cuisine locale est considérée comme un trésor national. Et ce, malgré ses efforts de "bolivianiser" le fast-food en jouant de la musique typique dans les locaux et en agrémentant ses sandwichs des sauces incontournables de la gastronomie andine. Les Boliviens seraient trop fiers pour soumettre leurs papilles à l’impérialisme américain, toujours selon le documentaire.

Le fast-food victime de la politique ?
Un site, dit d’information, affirme que l’expulsion de Ronald McDonald de la Bolivie a lieu en novembre 2011, date de sortie du documentaire. Ce site est à l'origine d'une erreur relayée par des médias locaux et internationaux.

Alors, certains commentateurs n'hésitent pas à attribuer le départ de la chaîne à la politique du président anti-américain, Evo Morales. Ce qui est impossible. En 2002, lors de la vraie fermeture, il n'est pas au pouvoir. Il a été élu fin 2005 et réélu en 2009. Les explications sont plutôt d'ordre économique.

Pas de profit, pas de McDo
L’entreprise cotée en bourse a levé le camp car elle n’arrivait pas à faire du profit. Ses produits restaient trop chers pour une population qui avait du mal à joindre les deux bouts. Un repas complet dans n'importe quel petit restaurant était trois fois moins cher qu’un menu dans le fast-food. Scénario qu'on retrouve souvent dans les pays où McDonalds ne s’est pas implanté ou a échoué. La même année où la compagnie quitte la Bolivie, 175 franchises sont fermées dans dix pays différents.

Un Big Mac diplomatique
L’absence d’un McDo est synonyme d’instabilité économique ou politique, comme l'explique un professeur de sciences politiques de l'Université de Mississipi. Drôle de baromètre. En Afrique subsaharienne, Ronald McDonald brille par son absence ainsi que dans les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan et l'Ouzbékistan).

Pour les habitants de ces pays, un hamburger serait tout un luxe. Il existe même l’indice Big Mac créé par The Economist pour comparer le pouvoir d’achat autour du monde. Dans d'autres pays, comme en Corée du Nord ou en Iran, le fast-food, symbole de la puissance de l'Oncle Sam n'est pas le bienvenue.

Au début des années 2000, la Bolivie devient donc le seul pays en Amérique latine sans McDonald, à part la Guyane. Les franchises de la multinationale n’ont tenu que cinq ans. Ce n’est pas pour autant que les fast-food ont renoncé à s’installer dans le pays. Burger King, l’éternel concurrent de la firme au "M" jaune, a repris les huit restaurants laissés vacants.

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