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Le Guatemala élit un humoriste comme président, pour tourner la page de la corruption

C'est justement l'absence totale d'expérience politique de Jimmy Morales qui a séduit les électeurs. 

Article rédigé par franceinfo
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Jimmy Morales, président élu du Guatemala, salue ses supporters à la sortie d'un bureau de vote, le 25 octobre 2015 à Guatemala City. (JORGE LOPEZ / REUTERS)

Il a réussi là où Coluche et l'Italien Beppe Grillo ont échoué. L'humoriste Jimmy Morales a été élu président du Guatemala, dimanche 25 octobre, remportant une écrasante victoire avec 68,6% des voix. Un choix qui peut sembler étonnant, mais c'est justement son absence totale d'expérience politique qui a séduit les électeurs dans un pays marqué par la corruption.

Un slogan simple : "Ni corrompu, ni voleur"

En septembre, il était arrivé en tête au premier tour, à la surprise générale, quelques jours après la démission et le placement en détention provisoire du président sortant. Otto Perez est accusé d'avoir organisé, avec sa vice-présidente, un vaste réseau de fraude au sein de douanes, ayant détourné près de 3,4 millions d'euros alors qu'il était au pouvoir. Lui-même aurait perçu plus de 720 000 dollars de pots-de-vins.

La rivale de Jimmy Morales au second tour, Sandra Torres, ancienne Première dame, avait divorcé de son ancien mari, en 2012, pour contourner l'interdiction constitutionnelle que deux époux se succèdent à la présidence. Jimmy Morales, lui, a fait campagne avec un slogan simple : "Ni corrompu, ni voleur."

Une sorte de Michel Leeb guatemaltèque

Dans sa carrière de comédien, Jimmy Morales a notamment joué un cowboy qui devient par accident... président du Guatemala. Mais son personnage le plus célèbre est Black Pitaya : pour l'incarner, il se maquillait le visage en noir et portait une perruque aux cheveux bouclés, un costume qu'il a notamment utilisé pour faire la promotion d'une marque de savon. Cette pratique basée sur des caricatures racistes, le "blackface", est encore répandu en Amérique latine, raconte le Guardian (en anglais).

Excepté la lutte contre la corruption, le programme de Jimmy Morales est encore assez flou. Et des questions se posent sur le parti qui le soutient, FCN-Nacion, dont certains fondateurs ont un passé qui ne prête pas à rire : certains sont notamment des militaires soupçonnés de violations des droits de l'Homme durant la guerre civile, entre 1960 et 1996.

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