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Pénurie générale au Venezuela, y compris de Big Mac

Le Venezuela est en plein imbroglio politique. L’opposition tente d’obtenir l’organisation d’un référendum afin d’obtenir la destitution du président Nicolas Maduro. Sur le plan économique, rien ne s’arrange. La pénurie est générale, que ce soit en produits alimentaires ou industriels. L’annonce la plus spectaculaire est venue de McDonald’s qui a du interrompre la vente du Big Mac.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (AFP)

Quand s’arrêtera la descente aux enfers de l’économie vénézuélienne ? Le 21 juillet 2016, l’emblématique Big Mac disparaissait des McDo du Venezuela, en raison du manque de pains spéciaux pour le préparer. Déjà en 2015, l’entreprise avait subi une pénurie de frites !
Anecdotique certes, mais cela illustre l’état de déliquescence dans lequel se trouve le pays. 80% des denrées alimentaires et des médicaments sont introuvables. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une contraction de 10% du PIB vénézuélien en 2016 et une inflation supérieure à 700%.
 
Le pétrole responsable de tout
On ne retient que lui comme responsable: le cours du baril de brut, fixé aujourd’hui autour de 40 dollars. La chute des cours (de plus de l50% en un an) a accentué la crise dans un pays dont l’économie dépend à 90% du pétrole.
 
Mais le strict contrôle des devises et des changes appliqué depuis 2003, soit bien avant la crise, n’arrange rien. Ainsi dernier élément en date, devant la quasi impossibilité de convertir les bolivars en dollars, les compagnies aériennes suspendent à tour de rôle les liaisons avec le Venezuela. En juin, Aeroméxico et Lufthansa ont supprimé toutes leurs rotations. Depuis le 30 juillet, la plus grande compagnie sud-américaine, Latam Airlines, a fait de même. D’autres, comme American Airlines ou Alitalia, ont réduit les fréquences des vols.
 
Bras de fer
Le 12 juillet, le président du Venezuela Nicolas Maduro a prolongé de deux mois l'état d'urgence économique instauré depuis la mi-janvier. Le gouvernement n’hésite pas à parler de «guerre économique». Une guerre, déclenchée par des chefs d’entreprise de droite, ne cesse de répéter Maduro. La pénurie serait provoquée artificiellement, générant pillages et frustration d’une population à bout.
 
La contre-attaque commence notamment par la distribution à la population d’aliments de base qui ont disparu des rayons des magasins. Les autorités s’appuient sur les comités locaux d’approvisionnement et de production (CLAP), des groupes de citoyens qui vont distribuer la nourriture dans leur quartier. Le panier type contient de la farine, du sucre, du riz, des pâtes, du beurre et du poulet, pour un prix variant de 1300 à 2000 bolivars (lien en Espagnol).
 
Selon le vice-président Aristobulo Isturiz, «tout le système de distribution a été démantelé et il faut le reconstruire autour d’un système autonome issu du peuple. Il s’agit des CLAP qui garantissent la distribution des aliments à la population.» Sous-entendu, cela doit éviter que les biens alimentaires tombent entre les mains de trafiquants. Ainsi à Guarenas, à 45 km de Caracas, la municipalité, rapporte l’AFP, a décidé de saisir la moitié des produits livrés aux magasins.
 
Nationalisations
Nicolas Maduro part également en guerre contre les entreprises qui cessent leurs activités en raison de la crise. Le géant américain de l’hygiène, Kimberly-Clark en a fait les frais. Faute de devises pour acheter des matières premières, l’entreprise a fermé son unité de la ville de Maracay. Elle y fabrique notamment du papier hygiénique et des couches depuis plus de vingt ans. Cette mise en sommeil n’a pas plu au gouvernement qui a ordonné le 11 juillet 2016, l’occupation de l’usine par le personnel. Le ministre du Travail, Oswaldo Vera, est venu lui-même annoncer la nouvelle. «Nous décrétons l’occupation immédiate de l’entreprise Kimberly-Clark Venezuela par les travailleurs» a-t-il lancé.
 
L’ombre de Chavez
De son côté, le président Maduro a dénoncé un blocus financier mené par la banque américaine Citibank qui va fermer le compte utilisé par la banque centrale du Venezuela  pour ses paiements internationaux. Info ou intox ? Cela a permis en tout cas à Maduro de prendre les meilleurs accents bolivariens : «Personne n'arrête le Venezuela. Avec Citibank ou sans Citibank, nous avançons. Avec Kimberly ou sans Kimberly, le Venezuela avance.»
 
Pendant ce temps, le gouvernement fait tout pour éviter un référendum visant à destituer Maduro. Il lui faut gagner du temps. Car, si ce référendum a lieu avant le 10 janvier 2017, il imposera de nouvelles élections en cas de défaite de Maduro. Dans le cas contraire, le président pourra désigner son successeur. Afin de déclencher la procédure, une pétition a recueilli deux millions de signatures. Mais, si le mécontentement est fort dans le pays, un petit millier de manifestants seulement sont descendus le 27 juillet dans les rues de Caracas pour réclamer le départ de Maduro.

Lundi 1er août 2016, la commission électorale vénézuélienne a validé la première phase du processus.de révocation du président Nicolas Maduro. L'opposition a rassemblé les 200.000 signatures requises, soit 1% des électeurs. La prochaine étape, dont la date n'a pas été fixée, impose de rassembler quatre millions de signatures, soit 20% du corps électoral.

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