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Qui a coupé le wifi à Guantanamo ?

Alors que Barack Obama doit s'exprimer sur l'avenir de Guantanamo, l'administration de la prison militaire a annoncé avoir fermé ses réseaux wifi après une menace des Anonymous. Pourquoi ? Francetv info vous explique.

Article rédigé par Clément Martel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le camp de détention militaire de Guantanamo (Cuba) où sont détenus 166 prisonniers. (FR VOLKER SKIERKA / DPA / AFP)

Fermer Guantanamo, Barack Obama l'a promis deux fois. Le président américain devrait se prononcer, jeudi 23 mai, en faveur de la reprise du processus de transfèrement de détenus de Guantanamo vers d’autres pays. Il y a quelques semaines, un appel signé des activistes d'Anonymous dénonçait les conditions de détention dans cette prison, et annonçait à son tour : "Nous fermerons Guantanamo." Conséquence directe de la menace du groupe de hackers, les autorités américaines ont annoncé avoir coupé le wifi de leur base. Quel wifi ? Pour quoi faire ? Plusieurs questions se posent.

Pour qui est le wifi à "Gitmo" ?

Pas pour les prisonniers. La prison de Guantanamo a beau se situer dans les Caraïbes, sur l'île de Cuba, elle n'a pas particulièrement l'image d'une prison cinq étoiles où les détenus sont traités comme des rois. Au contraire, régulièrement dénoncée pour ses violations aux droits de l’homme, et qualifiée (en anglais) de "désastre absolu" par l'ONG Human Rights Watch, l'enclave américaine de "Gitmo" (son surnom aux Etats-Unis) n'offre pas à ses détenus l'accès à internet.

Pas pour la sécurité. Le réseau wifi ne concerne pas non plus, a priori, le réseau informatique central du camp militaire. Selon un spécialiste de la sécurité sur internet contacté par francetv info, une infrastructure de ce type a des sous-réseaux distincts et il est peu probable que les ordinateurs concernés soient directement connectés à internet. Quant à le faire via un réseau wifi, ce serait un suicide stratégique. En effet, pour assurer la sécurité maximale d’un réseau (gérant par exemple l'ouverture des cellules ou l'alimentation électrique d'un site), les militaires misent sur "l'air gap", une séparation physique entre les réseaux. Hors de question donc de relier tous les ordinateurs via des réseaux sans fil.

Pour un usage récréatif. Si ce genre de système, en théorie surprotégé, est régulièrement mis en péril par certains de ses utilisateurs qui activent le wifi pour leur confort personnel, explique le spécialiste, les réseaux wifi désactivés par l’armée américaine en réponse à la menace des Anonymous ne relèvent pas de ça. Dans ses colonnes, le Miami Herald (en anglais) écrit que les réseaux coupés sont ceux mis à disposition des soldats dans des lieux récréatifs : le café Starbucks de la base par exemple, ou sa bibliothèque.

Pourquoi couper le wifi ?

Par mesure de sécurité. "Vous nous menacez ? Même pas peur, nous avons coupé le wifi !" La réaction de l'administration américaine prête à sourire. Pourtant, assure l'expert, ce n'est pas une idée aussi stupide qu'elle en a l’air. S’il y a un réseau wifi là-bas pour les employés, qui est leur seul moyen d'accéder à internet, il est possible de le pirater, soit au travers d’internet, soit en étant à proximité de la base. A partir de là, il est possible d'interférer avec la sécurité, ce que ne peut permettre l'administration de Guantanamo.

Pour se rassurer. Par ailleurs, l’accès aux réseaux sociaux a été restreint pour les quelques ordinateurs connectés en filaire qui subsistent. Tout ceci, selon le porte-parole de la prison, par mesure de sécurité. Cependant, cela sonne comme la mesure qu'annoncerait un administrateur à l'armée pour rassurer la hiérarchie, estime le spécialiste de la sécurité en ligne.

Quelle est la menace ?

"L'opération Guantanamo" déclenchée le 6 mai est signée Anonymous. Par essence, il est difficile d'identifier les auteurs de cet appel en soutien aux 166 détenus de la prison, et le terme "les Anonymous" doit être employé avec précaution. Ce réseau n'étant pas incarné, n'importe qui peut affirmer appartenir au mouvement de pirates informatiques et créer un hashtag sur Twitter, comme cet #opgtmo.

Concrètement, il est hautement improbable de voir des pirates affublés du masque de Guy Fawkes débarquer sur les côtes cubaines de Guantanamo et pirater son réseau internet. En revanche, leur volonté de perturber le discours de Barack Obama en inondant Twitter de messages correspond plus à leurs procédés. Le président américain va s'exprimer sur le contre-terrorisme et sur l'avenir du camp au cours d’une allocution à la National Defense University de Washington.

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