Amnesty International accuse la Syrie de crimes contre l'humanité
Le rapport d'Amnesty couvre la période allant de janvier à décembre 2011. Il porte sur la situation des droits de l'homme dans 155 pays et territoires. Il recense des restrictions à la liberté d'expression "dans 91 pays et des cas de tortures ou d'autres mauvais traitements, infligés bien souvent à des personnes en raison de leur participation à des manifestations, dans 101 pays ".
Amnesty estime que le Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas parvenu à se montrer à la hauteur du "courage " des contestataires dans des pays comme la Syrie et s'avère "de plus en plus inadapté aux besoins ".
Le rapport annuel sur les droits de l'homme dans le monde détaille la façon dont les troupes du président syrien ont déployé leurs chars dans des quartiers résidentiels, ont tué des manifestants pacifiques et emprisonné des milliers d'autres, torturés et détenus au secret.
"Le type et l'échelle des violations pratiquées par l'Etat pourrait constituer des crimes contre l'humanité ", juge l'ONG.
Le rapport cite plusieurs exemples, notamment celui d'un homme non identifié à Banias (ouest), détenu pendant trois jours, frappé, déshabillé et obligé à "lécher son propre sang sur le sol".
L'ONG montre aussi que les enfants n'ont pas été épargnés par la répression. Amnesty donne l'exemple d'un jeune de 14 ans, originaire de Deir Ezzor dans l'est du pays. Il a été abattu par balles par les forces de sécurité parce qu'il refusait de participer à une manifestation pro-régime.
Amnesty estime aussi que le régime n'a pas fait de réformes pour tenter de répondre à la contestation inédite dans le pays.
Depuis l'éclatement de la révolte populaire en mars 2011, plus de 12.000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'ONG pointe du doigt la Russie, fournisseur d'armes à la Syrie, et la Chine, les deux membres permanents du Conseil qui ont bloqué deux résolutions condamnant la répression menée par le régime de Bachar al-Assad. Mais également l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud qui "ont trop souvent fait preuve d'un silence complice ".
Amnesty dénonce notamment l'utilisation par la Chine de son "arsenal " sécuritaire pour "étouffer la contestation ", la "situation dramatique" des droits de l'homme en Corée du Nord. A propos des manifestations en Russie, l'ONG évoque les opposants "brutalisés et dénigrés de manière systématique ".
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