Aquilée ou la culture comme arme face au terrorisme
Huit pièces du musée du Bardo à Tunis sont actuellement exposées au musée archéologique d’Aquilée. Parmi elles, des mosaïques du IIIe siècle après Jésus-Christ. La Tunisie fait alors partie de l’empire romain et en est même d’une de ses provinces les plus riches. Ces mosaïques sont l’illustration parfaite de la proximité culturelle entre Europe et Afrique du Nord d’après Marta Novello la directrice de ce musée archéologique – le plus important du nord de l’Italie :
"Entre les mosaïques d’Aquileé et celles du Bardo, il existe de très nombreux points de contact parce que cette dimension multiculturelle qui caractérisait l’empire romain a permis de partager des modèles iconographiques. Tenez par exemple la mosaïque tunisienne qui est exposée ici de la déesse Cérés. Et bien ce personnage féminin on le retrouve dans les mosaïques d’Aquilée, il représente l’été. "
Le jumelage entre le Bardo et Aquilée est une idée d’Antonio Zanardi Landi, président de la Fondation Aquileia et ex-conseiller diplomatique du président italien Sergio Mattarella. Les deux hommes se rendent ensemble au Bardo juste après l'attentat du mois de mars dernier qui a fait 22 morts dont quatre Italien.
"On a été très touchés par les traces des attentats. On voyait les trous faits par les balles des terroristes. Et donc on a conçu l'idée de faire apporter des pièces du Bardo et de faire comprendre aux gens l'importance de cette source commune de notre civilisation. Ce qui est exactement ce que les terroristes veulent détruire. Ils veulent détruire la mémoire du fait qu'on était ensemble ."
Le projet "Archeologie blessée" est ambitieux. Au mois de février la fondation Aquilée se rendra en Irak avec pour objectif de sélectionner des pièces venant de Bagdad ou de Mossoul. Ensuite en Egypte. Deux pays visés par le terrorisme. "On veut faire comprendre qu'on considère leur patrimoine artistique comme une partie de notre patrimoine". Dans la lutte contre le fondamentalisme l’Italie brandit l’arme culturelle. Elle propose la création d’un corps de casques bleus de la Culture. Et vient d’adopter un budget dans lequel pour un euro dépensé en sécurité, un euro doit aller à la culture.
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