Ariel Sharon, le "faucon" qui se rêvait colombe
Terrassé par un attaque cérébrale le 4 janvier 2006, Ariel Sharon était plongé dans le coma depuis huit ans. Ce samedi, il est décédé après des complications dues à une nouvelle intervention chirurgicale survenue à la fin du mois de décembre. L'hôpital Tel Hashomer, près de Tel Aviv, où était admis l'ancien Premier ministre israélien, avait indiqué le 2 janvier que plusieurs de ses organes vitaux avaient cessé de fonctionner normalement.
Depuis, son état de santé n'a pas cessé de se dégrader. Le 5 janvier, le directeur de l'hôpital annonçait que l'ancien Premier ministre était "en danger de mort imminente ". Et le 9 janvier, son état était jugé "désespéré ". Sa famille était depuis "à son chevet en permanence ".
Défenseur d'un "Grand Israël"
Né le 27 février 1928 en Palestine mandataire, "Arik" (diminutif d'Ariel) Sharon restera l'homme qui rêvait de fixer les frontières de l'Etat hébreu. C'est également le premier homme politique israélien qui aura osé démanteler des colonies. En 2005 et après 38 années d'occupation, il a ordonné l'évacuation de la bande de Gaza. Une décision réfléchie et qu'il avait défendue, estimant qu'Israël devait renoncer à garder tous les territoires conquis en 1967 s'il voulait rester un Etat "juif et démocratique ".
Cette décision lui avait valu les louanges de la communauté internationale, alors qu'il était plutôt habitué aux critiques y compris dans son propre pays. Car il s'était jusqu'alors illustré comme le défenseur d'un "Grand Israël" et un champion de la colonisation, gagnant une réputation de "faucon" dans la classe politique israélienne.
Un chef de guerre implacable
Ariel Sharon fut également un chef de guerre implacable. Il rejoint l'armée dès l'âge de 17 ans et s'y fait rapidement remarqué pour ses méthodes musclées et expéditives. Il y gagne le surnom de "bulldozer". Quelques années plus tard, il prend la tête de l'unité 101 des commandos, puis des unités parachutistes. Il lance de nombreuses opérations punitives, dont la plus sanglante fera une soixantaine de morts parmi les civils du village palestinien de Kibya.
En 1973, pendant la guerre de Kippour, il s'illustre à nouveau, cette fois en franchissant le canal de Suez et en encerclant l'armée égyptienne. Une manoeuvre audacieuse qui confirme ses talents de stratège.
Près de dix ans plus tard, en 1982, alors qu'il occupe la fonction de ministre de la Défense, Israël s'embourbe au Liban. Lors d'une interminable opération militaire dans le pays visant à chasser Yasser Arafat, qui s'y était réfugié, l'Etat hébreu ne fait rien pour empêcher les massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila en septembre. Bien que ces crimes aient été perpétrés par des milices chrétiennes libanaises, Ariel Sharon est reconnu responsable par une commission d'enquête officielle. Il est alors contraint à la démission.
En 2000, c'est sa visite sur l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-est, troisième lieu saint de l'islam, qui déclenche la deuxième intifada. Ariel Sharon explique alors que ce n'est qu'une nouvelle péripétie dans cette "guerre de cent ans ".
Il promet d'écraser la révolte palestinienne et élu triomphalement Premier ministre le 6 février 2001. Il est réélu deux ans plus tard, le 28 janvier 2003.
Le "bulldozer" cherche alors un accord avec les Palestiniens, mais selon les conditions d'Israël. Cela lui vaut des contestations au sein de son propre parti, le Likoud. Il décide, en 2005, d'en claquer la porte et fonde le parti centriste Kadima, toujours convaincu que la paix passera par un retrait d'Israël de certains territoires occupés. Cette mission historique est alors son unique but et le restera jusqu'à son attaque cérébrale en 2006.
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