70 ans de la bataille de Diên Biên Phu : la présence de la France "souligne l'intérêt d'une mémoire qui commence seulement à être partagée" avec le Vietnam, selon le Souvenir français

Le président du Souvenir français, Serge Barcellini était invité, mardi, sur France Inter.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une parade de soldats vietnamiens pendant les célébrations officielles des 70 ans de la bataille de Diên Biên Phu, 7 mai 2024. (NHAC NGUYEN / AFP)

Une première qui "souligne l'intérêt d'une mémoire qui commence seulement à être partagée". Invité de France Inter, le président du Souvenir français, Serge Barcellini, réagit à la participation mardi 7 mai de responsables politiques français à la commémoration des 70 ans de la bataille de Diên Biên Phu, au Vietnam. Il s'agit de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, et de Patricia Mirallès, la secrétaire d'État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.

"Le 70e anniversaire est particulièrement important, car c'est le dernier grand anniversaire décennal pour lequel il y aura encore d'anciens combattants à la fois vietnamiens et quelques combattants français", ajoute Serge Barcellini. La bataille de Diên Biên Phu a fait 3 000 morts ou disparus côté français, jusqu'à 10 000 côté vietnamien. Tous les corps n'ont pas pu être récupérés. "Nous pensons qu'il y a dans des fosses communes encore plus d'un millier de corps", avance-t-il.

"Une progression de la vie commémorative"

Comment expliquer que la France n'a pas participé plus tôt à cette commémoration ? Est-ce parce que le Vietnam ne voulait pas l'inviter, ou bien parce qu'elle a encore en mémoire le souvenir d'une cuisante défaite ? "J'ai presque envie de vous dire les deux, mais je crois surtout qu'on assiste à une progression de la vie commémorative au Vietnam", estime Serge Barcellini.

Après cette bataille, qui a scellé l'émergence du Vietnam comme nation indépendante et la fin de la présence française en Indochine, le pays "a dû faire face ensuite à une guerre avec les États-Unis, avec une guerre avec les Chinois" et "j'ai tendance à penser qu'il avait peut-être autre chose à faire que faire de la vie commémorative", rappelle-t-il. Depuis, les choses ont changé. Le Vietnam "a la volonté de faire du site de Diên Biên Phu un grand site mémoriel".

70 ans après la bataille, Serge Barcellini est "tout à fait persuadé qu'il y a encore des choses à apprendre". Il cite l'exemple du musée de Diên Biên Phu, "totalement vietnamien". Pour lui, "tout n'est pas dit, tout n'est pas écrit. L'aide apportée par la Chine, par exemple, n'apparaît pas, alors que nous savons très bien que si Diên Biên Phu a été une victoire vietnamienne, elle a été aussi une formidable victoire vietnamienne et chinoise". "Cela n'est pas totalement écrit", conclut-il.

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