Hong Kong : des manifestants pro-démocratie défient Pékin
Une réforme du système de désignation du pouvoir exécutif inquiète les activistes pro-démocratie qui dénoncent la mainmise de la Chine, qui n'a pas tenu sa promesse d'instaurer le suffrage universel dans l'ancienne colonie britannique.
Ils ont décidé de mettre leur menace à exécution. A Hong Kong, des manifestants pro-démocratie ont publiquement contesté, lundi 1er septembre, la volonté de Pékin de limiter la portée du suffrage universel dans l'ancienne colonie britannique. Un haut responsable chinois, venu défendre la décision du pouvoir central, a été pris à partie et hué, entraînant des heurts dans la ville passée sous domination chinoise depuis 1997.
Alors que Li Fei, vice-président de la commission législative de l'Assemblée nationale, s'apprêtait à prononcer un discours à la tribune du centre de conférences Asia World Expo, il a été interpellé par un député dissident qui, le poing levé, s'est mis à crier. Des élus d'opposition et des étudiants lui ont emboîté le pas, déployant une banderole hostile à Pékin, en scandant "le gouvernement central a rompu sa promesse, honte à lui !" comme l'explique la BBC (en anglais).
Ils ont rapidement été expulsés par les services de sécurité, mais de violentes échauffourrés ont éclaté à la sortie du bâtiment.
Actuellement, le chef de l'exécutif hongkongais est élu par un comité électoral pro-Pékin. Les autorités chinoises veulent réformer ce système en permettant à chaque Hongkongais en âge de voter de participer à la prochaine élection. Mais, comme l'explique le South China Morning Post (en anglais), seuls deux ou trois personnalités sélectionnées à la majorité des voix par un comité de nomination seront habilitées à se présenter. Une réforme inacceptable pour les partisans de la démocratie, qui estiment que Pékin est revenu sur sa promesse d'instaurer le suffrage universel en 2017 à Hong Kong.
Face à la contestation, Li Fei a finalement pu s'exprimer et défendre le projet politique de Pékin. Avant de lancer un avertissement : "Ceux qui souhaitent que Hong Kong devienne une entité politique indépendante ou change le système socialiste du pays n'auront pas d'avenir politique."
Le quartier d'affaires bientôt occupé ?
Dimanche déjà, le mouvement prodémocratie avait laissé éclater sa colère face à cette réforme, manifestant bruyamment dans les rues de la ville. L'organisation la plus en vue, le mouvement civil Occupy Central with Love and Peace (OCLP), a appelé ses partisans à multiplier les actes de "désobéissance civile". Elle a également annoncé qu'elle allait mobiliser ses troupes pour paralyser Central, le quartier d'affaires de Hong Kong, dont les immenses gratte-ciel sont devenus l'emblème.
Depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, ses habitants jouissent d'un système judiciaire et politique distinct et d'une liberté d'expression inconnue sur le continent. Mais les Hongkongais s'inquiètent d'une mainmise croissante de Pékin sur les affaires de ce territoire de 7 millions d'habitants. Selon les associations pro-démocratie, une large majorité de la population exige un élargissement des libertés à Hong Kong. Mais une partie des habitants s'oppose également à la stratégie de confrontation de ces activistes, craignant une détérioration du climat des affaires.
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