: Document France 2 Kazakhstan : reportage à Almaty, au cœur de la révolte contre le pouvoir
Une équipe de France 2 s'est rendue dans la ville d'Almaty, épicentre de la contestation contre le pouvoir qui a dégénéré en émeutes, avant une violente répression.
Impressionnant vestige du soulèvement contre le pouvoir, la façade de la mairie d'Almaty (Kazakhstan) est aujourd'hui couverte de noir. Des ouvriers s'activent encore pour déblayer le bâtiment, détruit par les flammes. "Il ne reste rien", glisse un employé qui emporte les rares objets qui peuvent encore être sauvés. En milieu de semaine dernière, la ville a été l'épicentre de la plus large et violente contestation depuis 30 ans dans le pays.
Officiellement, il y aurait eu 225 morts, mais ce bilan pourrait être encore plus important, à en juger la file d'attente devant la morgue. Le corps d'un homme vient justement d'être identifié, point final d'une attente interminable. "On a commencé à chercher sur les réseaux sociaux, quand internat a été remis en route", témoigne une amie venue se renseigner devant le bâtiment, en dernier recours.
"La police cherche les manifestants"
Le pouvoir accuse des groupes terroristes d'être à l'origine des violences, quand l'opposition dénonce des groupes de criminels manipulés pour faire dégénérer des manifestations qui ont débuté de manière pacifique. La répression, quoi qu'il en soit, a été très sévère. France 2 a pu rencontrer un manifestant après sa sortie de détention, qui tient à peine debout et peine à s'exprimer. "On l'a frappé avec un marteau et là, avec une matraque", explique son frère. "Pendant une semaine, on l'a tabassé tous les jours."
La police continue toujours à traquer les opposants. Alors que France 2 rencontrait l'un d'eux, à son domicile, les forces de l'ordre sont venues frapper à la porte. "Ils viennent m'arrêter", réalise immédiatement Djambolat Mamaï, tout en restant en retrait. Avec son téléphone, sa femme retransmet la scène sur les réseaux sociaux afin d'alerter les partisans de son mari. En apprenant la présence des journalistes, les agents font finalement demi-tour. "Ils cherchent des activistes et des manifestants pacifiques. Le gouvernement ne va pas commencer des réformes politiques, on le voit bien", déclare l'opposant.
La plupart des habitants d'Almaty se disent soulagés de l'arrêt des violences, mais les origines de la colère persistent. Les richesses sont concentrées entre les mains de quelques-uns, alors que le taux de pauvreté est important. "Les prix ont augmenté, c'est pour ça que le peuple est sorti dans la rue, parce que ça a été brutal", résume un passant. Après la tournure violente des dernières manifestations, et la répression violente qui a suivi, la majorité des Kazakhs ne semblent pas prêts à retourner dans la rue.
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