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La nouvelle présidente Tsai Ing-wen, un espoir pour la jeunesse de Taïwan

Le mécontentement de la jeune génération taïwanaise a profité à la candidate de l'opposition, Tsai Ing-wen, qui a remporté la présidentielle du 16 janvier 2016. Organisées au même moment, des élections législatives ont permis à cinq militants du mouvement des Tournesols de se faire élire au Parlement, sous l’étiquette du Parti du nouveau pouvoir (NPP), réunion de petites formations pro-réformes.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Distribution de tounesols devant le Palais présidentiel à Taipei, le 18 mars 2014, pour protester contre un accord commercial signé par le président Ma Ying-jeou avec la Chine.  (SAM YEH / AFP)

Après avoir aidé le Parti démocrate progressiste (DPP) de Tsai Ing-wen à accéder au pouvoir, la jeune génération taïwanaise est parvenue à faire entrer légalement au Yuan législatif (l'Assemblée nationale), le mouvement des Tournesols, deux ans après l'avoir occupé de force. Son programme: renouveler la vie politique de l’île, promouvoir sa jeunesse et résister à Pékin.

Pour son porte-parole, Tseng Po-yu, candidat aux législatives sous la bannière de la nouvelle Alliance entre les Verts et le Parti social démocrate, se faire élire est le seul moyen pour combattre le «système taïwanais trop fermé et trop conservateur».

La revanche de Mme Tsai face au parti pro-chinois
Tête de liste du NPP dans le district de Wanhua (l'un des douze de Tapei), le chanteur de rock Freddy Lim a reçu le soutien de Mme Tsai. Cette dernière avait perdu en 2012 face au président sortant pro-chinois Ma Ying-jeou du Kuomintang (KTM) à qui la jeune génération reproche ses travers d’ex-parti unique et son tropisme pour la Chine continentale.


Créé il y a un an, le NPP est directement issu de la ferveur citoyenne qui a saisi la jeunesse taïwanaise ces dernières années sur des causes comme le refus du nucléaire, des démolitions forcées et d'un accord de libre-échange avec la Chine, le principal partenaire économique de l'île.

Sentiment de frustration chez les jeunes
Les bas salaires, le manque de perspectives d'emploi, l’immobilier inaccessible, sont jusqu'à présent à l'origine d'un sentiment profond de frustration auprès de la jeunesse dite «des Tournesols». «Ce qu'il nous faut, c'est un Parlement plus divers où toutes les voix puissent être entendues», a réclamé Wang Po-chieh, un étudiant de 21 ans qui votait pour la première fois.

Mme Tsai distante avec Pékin
«Les Taïwanais ont choisi Tsai, pas l’indépendance», titrait l’éditorial du Global Times au lendemain de la victoire de Tsai Ing-wen soupçonnée par Pékin de poursuivre secrètement l'objectif défendu par son parti: l'indépendance de la République de Chine (RDC), le nom officiel de Taïwan.

Sur cette question, les jeunes militants sont plus vaindicatifs que la nouvelle présidente. Sous la pression de Washington, celle-ci a préféré jouer l'apaisement à la veille du scrutin, prônant le «maintien du statu quo» entre les deux territoires. Quelque 60% des Taïwanais se sentent exclusivement taïwanais et seulement 3,5% se considèrent également chinois. Une tendance qui s'accentue depuis une vingtaine d'années. En 1992, 18% cultivaient cette identité insulaire contre 26% qui ressentaient encore une appartenance à la Chine, selon Le Figaro.

Une proximité avec les «Parapluies» de Hong Kong
Une autre jeunesse, celle de Hong Kong, qui avait fait parler d'elle en 2014 lors de grandes manifestations, redoute elle aussi une progression de l'influence de la Chine. Dans l'ancienne colonie britannique, des responsables du «mouvement des Parapluies» ont souhaité se rapprocher du nouveau pouvoir taïwanais. «Qu'il s'agisse de la question de la souveraineté de Taïwan ou de l'avenir de Hong Kong, nous sommes tous face à la Chine», a déclaré Joshua Wong, l'un des chefs de file des «Parapluies». Fin novembre 2015, quelques militants de ce mouvement étaient parvenus à se faire élire à des mandats locaux.

La nouvelle présidente taïwanaise devra s'employer à redresser une économie au bord de la récession, conséquence du ralentissement de son voisin chinois. La réunification, voulue par Pékin, n'est pas pour demain.

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