Pakistan : sevrage sauvage
Dans un pays qui compte plus de quatre millions de consommateurs de cannabis et plus de 860.000 héroïnomanes, n'importe quel moyen semble bon pour faire décrocher un proche. C'est ainsi que la police a découvert dans une clinique de Haripur, à 80 km d'Islamabad,115 patients croupissants.
Des hommes enchaînés deux par deux et rivés au sol nuit et jour. Sévèrement battus, sous-alimentés. L'un d'entre eux est même devenu aveugle après deux ans de ce traitement, quand d'autres ont sombré dans la folie. Ce sont les familles qui venaient déposer un de leur proche dépendant, et les y oubliaient trop contentes d'avoir réglé le problème. A leur décharge, la plupart d'entre elles ignorait le sort qui leur était réservé.
Le mollah Qadri affirmait pouvoir faire décrocher ses patients à coup sûr. «En une semaine, et sans aucun médicament, ils vont mieux. Même dans les meilleures institutions vous ne verrez jamais ça», assure-t-il en se disant victime d'un coup monté par la police pour avoir refusé de lui payer des bakchichs. Il n'empêche que lors des visites familiales, les patients devaient dire que «tout allait bien, sinon ils étaient battus», soutient Mehboob Khan, chef du commissariat où le mollah est écroué. C'est d'ailleurs la plainte de l'une des familles qui a mis la police sur les trace de ce récidiviste qui avait déjà été arrêté en 2006 pour les mêmes faits.
Pour autant, la façon de faire ne choquait pas toutes les familles puisque certaines s'insurgent contre le traitement réservé au mollah. Elles renâclent à venir chercher leur proche, persuadées que sans ce «traitement» musclé, il replongera dans l'addiction.
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