Papouasie-Nouvelle-Guinée : ce que l'on sait du gigantesque glissement de terrain qui a anéanti un village entier
Les habitants ont été surpris dans leur sommeil. L'effondrement d'un pan de montagne, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pourrait avoir enterré vivantes plus de 2 000 personnes dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 mai. Les autorités ont entamé l'évacuation d'environ 7 900 personnes menacées par un possible nouveau glissement de terrain dans les hautes terres du centre du pays. Voici ce que l'on sait de la situation.
Un pan du mont Mugalo s'est effondré en pleine nuit
Il était 3 heures du matin vendredi (heure locale) quand un pan du mont Mungalo, recouvert de forêt dense, s'est effondré dans la province d'Enga, dans le centre de l'archipel de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les habitants du village de Yambali, juste en dessous, ont été surpris dans leur sommeil. Selon les services de secours, plus de 2 000 personnes pourraient avoir été ensevelies, mais jusqu'à présent les sauveteurs n'ont retrouvé que cinq corps, ainsi que la jambe d'un sixième.
Selon les habitants de la région, ce glissement de terrain pourrait avoir été provoqué par les fortes pluies récentes. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a l'un des climats les plus humides du monde. Des recherches ont démontré que la modification des régimes pluviométriques liée au changement climatique pourrait aggraver le risque de glissements de terrain.
La population du village enseveli est difficile à estimer
Le nombre d'habitants présents dans le village au moment du glissement de terrain est particulièrement difficile à estimer, les listes électorales étant obsolètes et ne recensant que les personnes âgées de plus de 18 ans. Yambali faisait office de comptoir dans la région pour les mineurs cherchant de l'or dans les hautes terres. Il abritait ainsi une population de passage qui pouvait atteindre plus de 4 000 personnes.
De nombreuses personnes fuyant les violences tribales se sont aussi installées dans la région ces dernières années, comme l'a expliqué Nicholas Booth, un responsable du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). "C'était une zone très peuplée, avec des maisons, des entreprises, des églises et des écoles, et elle a été complètement anéantie. C'est la surface de la Lune. Ce ne sont plus que des rochers", a décrit Sandis Tsaka, administrateur de la province d'Enga, auprès de l'AFP.
Les opérations de secours sont compliquées
Les habitants creusent le sol à l'aide de leurs mains pour tenter de retrouver les disparus. Il est "très peu probable" que les secours retrouvent des survivants compte tenu de la gravité du glissement de terrain et du temps qui s'est écoulé depuis qu'il a eu lieu, a déclaré Niels Kraaier, représentant de l'Unicef en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Selon lui, "il ne s'agit pas d'une mission de sauvetage, mais d'une mission de récupération" des cadavres.
Les survivants sont "traumatisés", a poursuivi ce responsable onusien. "Des familles entières ont été ensevelies sous les débris. (...) Chaque habitant de la province d'Enga a un ami ou un membre de sa famille qui a été tué, qui est porté disparu ou qui a été touché par cette tragédie", a-t-il affirmé.
L'armée tente actuellement d'acheminer sur place des engins de chantier lourds. Mais l'arrivée des secours dans cette région, située à environ 600 km de la capitale Port Moresby, est également compliquée par une vague de violences tribales, sans lien avec la catastrophe, le long de la seule route d'accès depuis Wabag, la capitale provinciale.
Un nouvel éboulement pourrait se produire
Les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont entamé l'évacuation d'environ 7 900 personnes menacées par un possible nouveau glissement de terrain. "Toutes les heures, on entend la roche se briser. C'est comme une bombe ou un coup de feu et les rochers continuent de tomber", témoigne Sandis Tsaka, administrateur de la province d'Enga. Nombre d'habitants refusent toutefois de quitter la zone sinistrée dans l'espoir de retrouver des proches disparus.
Les agences d'aide humanitaire estiment que plus de 1 000 personnes ont déjà été déplacées par la catastrophe. Selon Nicholas Booth, jusqu'à 30 000 personnes sont probablement isolées, la route principale ayant été endommagée par le glissement de terrain. Le responsable du Programme des Nation unies pour le développement a souligné que ces communautés avaient suffisamment de vivres pour survivre plusieurs semaines, mais que la route devait impérativement être remise en état.
L'aide internationale commence à se mettre en place
La catastrophe a causé d'"importantes destructions de bâtiments, de jardins vivriers et a eu un impact majeur sur l'économie du pays", a souligné le centre national de gestion des catastrophes de Papouasie-Nouvelle-Guinée dans une lettre adressée à l'ONU, appelant à l'aide la communauté internationale.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a offert son assistance. "Nous sommes prêts à aider le gouvernement à répondre aux besoins urgents en matière de santé", a indiqué le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X. "Nos pensées vont à ceux qui ont tragiquement perdu des êtres chers", a-t-il ajouté.
As we start #WHA77, our hearts go to the people in #PapuaNewGuinea who have tragically lost loved ones in the landslides. We stand ready to support the government to meet urgent health needs. https://t.co/m8FDYfS5jT
— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) May 27, 2024
Le président chinois Xi Jinping s'est pour sa part déclaré "peiné" et a également proposé l'aide de son pays. L'Australie voisine ainsi que les Etats-Unis et la France ont aussi offert leur assistance.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.