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Pythons d'élevage, luxe éco-durable

Sauver les pythons, espèce menacée, tout en continuant à utiliser leurs peaux, tant convoitées par l’industrie du luxe. C’est à la résolution de cette équation qu’ont travaillé des chercheurs.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Python sur un étal prêt à être débité en morceaux.

 (Biosphoto / Michel Gunther)

Il existe deux variétés principales de pythons dont la peau attise les convoitises : le python birman et le python réticulé. Originaire de l’Asie du Sud-Est, le python birman est l’un des plus gros serpents du monde: il peut atteindre 5.7 mètres et peser 58 kilos. 
 
Sur 1.600 espèces de serpents, «12% sont menacées, car elles sont sur-utilisées pour la médecine, leur viande, leur peau», détaille Jean-Christophe Vié, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

L’industrie du luxe est une grosse consommatrice de peaux de python, la demande est en hausse constante depuis 20 ans, plus de 500.000 peaux des deux espèces sont vendues chaque année. Dans un souci de préservation, le groupe Kering (anciennement Pinault-Printemps-Redoute), tout en ménageant l’approvisionnement de ses entreprises de luxe comme Gucci, s’est donc penché sur le problème et est à l’origine d’un partenariat avec le Groupe d’experts Boas et Pythons de l’UICN. 
 
De ce partenariat sort un rapport où il apparaît que «Le principal résultat de nos recherches, c'est qu'il est effectivement possible d'élever des pythons en captivité pour leurs peaux», a expliqué Daniel Natusch, l'un des auteurs du rapport et membre du Groupe d'experts Boas et Pythons  de l'UICN. Il y est donc préconisé la multiplication des fermes d’élevage afin de préserver la faune des pythons sauvages. Si le python birman provient déjà à 99% de fermes d’élevage, c’est le cas de seulement 25% des peaux de pythons réticulés.

Même si, il faut bien le constater, un python d’élevage génère moins de bénéfices qu’un autre prélevé dans la nature. D'ailleurs, le marché officiel des peaux de python est évalué à un milliard de dollars, celui du braconnage pèse à peu près autant, relève John Scanlon, secrétaire général de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

Ces fermes préserveraient le nombre d’individus sauvages et permettraient aux populations locales d’asseoir leur subsistance en faisant vivre villageois et fermiers. Mais attention, l'élevage ne doit pas «miner les efforts faits pour protéger l'espace de manière responsable, en ce qu'il encouragerait trop peu la protection des pythons sauvages et de leur habitat», relève le rapport. Dans un monde idéal, il faudrait donc à la fois développer l'élevage de pythons et encourager des pratiques de capture écodurables.
 

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