Région de Fukushima : des SDF déblayent et décontaminent
Des travailleurs sous-payés voire pas payés du tout, recrutés parmi les SDF des gares environnantes. Certains étant même des déficients mentaux, dont on perd la trace le travail terminé ou pas. Ces hommes envoyés décontaminer des sites irradiés autour de Fukushima sans protection particulière. Bien que recrutés, ils ont parfois préféré arrêter de travailler plutôt que de contracter des dettes, en se pliant aux conditions draconiennes imposées par des employeurs privés particulièrement peu scrupuleux.
Trois ans après le tremblement de terre suivi du tsunami dévastateur et de la catastrophe nucléaire que l’on connaît, la remise en état et la décontamination autour de la centrale de Fukushima n’en finit pas de faire parler d’elle.
Dernier épisode en date, le scandale sur le juteux marché de la décontamination nucléaire qui secoue le Japon. Un pactole de 35 milliards de dollars (25.7 milliards d’euros) que lorgne le crime organisé. Une myriade de petites sociétés privées se partagent et sous-traitent avec plus de 20 très grosses entreprises. Mais certaines se révèlent être des coquilles vides, émanant de la mafia. En janvier, octobre et novembre des truands japonais ont été arrêtés accusés d’infiltration au sein de l’entreprise Obayashi, consortium en charge de la décontamination et d’avoir illégalement envoyé des travailleurs dans des projets subventionnés par le gouvernement.
Ces «liquidateurs» d’un nouveau genre ont fait l’amère expérience de ces méthodes peu orthodoxes. Ainsi Shizuya Nishiyama, 57 ans, interviewé par Reuters, a brièvement travaillé au déblayage des décombres du tsunami. Alors que son employeur lui avait parlé d’un salaire de 70 euros par jour, il découvre que pas loin de 37 euros lui sont retenus pour son logement et sa nourriture. Que les jours non travaillés n’étaient pas payés, mais qu’en revanche le gîte et le couvert lui étaient quand même décomptés. Il a finalement décidé de retourner dans la rue plutôt que de se trouver débiteur endetté auprès de son employeur.
L’ex-présidente de l’autorité nucléaire britannique, Barbara Judge, travaille aujourd’hui pour la compagnie gérante de la centrale de Fukushima, la Tepco. «La Tepco doit passer d’une culture d’efficacité à une culture de sûreté. C’est un objectif très difficile a atteindre», souligne-t-elle.
Une culture de la sûreté qu’il faudra atteindre pour la centrale, mais aussi pour les personnes amenées à travailler dedans et autour.
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