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Turkménistan : troisième mandat pour le président autocrate

Au pays du culte de la personnalité, le président rempile pour un troisième mandat. Le 12 février 2017, Gourbangouli Berdimoukhamedov a été «normalement» élu avec 98 % des voix, record personnel. Le Turkménistan n’est pas près de se sortir du culte de la personnalité. Retour sur le parcours d’un cavalier autocrate.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
  (TOBIAS SCHWARZ / AFP)

Pour son troisième mandat, il a encore amélioré son score à l’élection. Le président du Turkménistan, Gourbangouli Berdimoukhamedov, a obtenu 98% des suffrages, soit un point de mieux qu’en 2012.
Et cela, avec un taux de participation de 97%, qui illustre bien la nature du régime. Pour faire bonne figure, le pouvoir en place avait cependant désigné huit autres candidats, totalement inconnus ou presque, condamnés à jouer les potiches.
 
L’ancien dentiste a pris goût à la fonction présidentielle depuis ses premiers pas en 2006. Au point de modifier la Constitution pour rallonger le mandat à sept ans. Le culte de la personnalité voué à Gourbangouli Berdimoukhamedov est désormais solidement établi. En 2011, il faisait bâtir un «Palais du Bonheur» de six hectares, en marbre blanc, surplombé d’un globe de 32 mètres de diamètre. «Ce Palais du Bonheur, unique au monde, sera un symbole du bonheur sans frontières, de la prospérité et de l'amour» avait déclaré à  l’époque le président.
 
Marbre et statue en or
Ce bâtiment, destiné à célébrer les mariages, a coûté plus de 133 millions de dollars. L’aéroport international est aussi un modèle du genre avec son terminal en forme d’oiseau blanc. Il a couté deux milliards de dollars et semble nettement surdimensionné pour un pays peu touristique. Les revenus tirés du gaz (4ème réserve mondiale) permettent toutes les extravagances. En 2015, Gourbangouli Berdimoukhamedov se mettait en scène en cavalier émérite, à travers une statue équestre en or de 21 mètres de haut, érigée dans la capitale Achkhabad. Cet autocrate n’a fait que reprendre à son compte le culte de la personnalité mis en place par son prédécesseur Saparmourad Niazov.

La statue équestre du président Berdimoukhamedov érigée en 2015. (AFP)
 
En avril 2013, un rapport de Human Rights Watch dressait un tableau sinistre de la liberté au Turkménistan et chez le voisin ouzbek. «Les gouvernements du Turkménistan et d’Ouzbékistan figurent parmi les plus répressifs au monde» déclarait l’ONG. La liberté de circulation au Turkménistan, la répression contre les défenseurs des droits de l’Homme font partie de la longue liste des préoccupations.
 
Et dans cette république autocrate, la presse est bien évidemment sérieusement muselée. La censure ne laisse rien passer. Pas même le cocasse incident d’une chute de cheval du président en 2013, que le régime a voulu étouffer, le jugeant sans doute trop humiliant.
 
Un pays en crise
Mais cette élection plébiscite peine à masquer une réalité économique bien déplaisante. Le Turkménistan est en crise, Le pays est tellement replié sur soi qu’il est difficile de mesurer l’étendue du trou d’air. L’économie est touchée à la fois par la chute du prix des hydrocarbures (le gaz est aligné sur le pétrole), et sur la perte de deux contrats d’exportation vers la Russie et l’Iran. Dans un rapport, le FMI s’inquiète du ralentissement de la croissance. La télé d’Etat reconnaît un ralentissement de 0,3%. Ella annonce également Un taux de croissance de 6,2% en 2016, hautement improbable selon les analystes.
 
Une réalité que le chef de l’Etat s’est bien gardé d’évoquer durant sa campagne électorale. Bien au contraire, il s’est employé à masquer la crise d’un rideau de fumée. Gourbangouli Berdimoukhamedov a visité le pays, offrant moult cadeaux. Il a même poussé la chansonnette s’accompagnant à la guitare devant des ouvriers d’un complexe gazier. Il est vrai que Gourbangouli Berdimoukhamedov est sûrement le seul chef  d’Etat dont la presse publie les poèmes.

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