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Vietnam: guerre des chefs au congrès du PC
Bataille entre les anciens et les modernes au Vietnam. Le congrès quinquennal qui vient de commencer devrait consacrer les uns ou les autres, et donc donner l'orientation géographique de la prochaine zone d'influence économique. La Chine ou les Etats-Unis...
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Le XIIe congrès du Parti communiste vietnamien vient de s'ouvrir. Au terme de ce rendez-vous quinquenal, des élections doivent pourvoir aux trois principaux postes à la tête du pays : le président de la République, le Premier ministre et le Premier secrétaire du parti.
Suivant qui va sortir des urnes, il sera possible de savoir si l'élan réformateur sera maintenu ou au contraire, battu en brêche. La réponse résidera dans le maintien ou la promotion d'un des deux prétendants. D'un côté le réformiste Nguyen Tan Dung, actuel Premier ministre, qui a épuisé les deux mandats maximum réglementaires à ce poste. De l'autre, Nguyen Phu Trong, chef sortant du parti. Un conservateur aux liens étroits avec Pékin qui a déclaré à l'ouverture du Congrès: «La voie du socialisme est encore adaptée à la réalité du Vietnam.»
Les pronostics controversés sur Nguyen Tan Dung
«La carrière politique de Nguyen Tan Dung peut être déclarée "cliniquement morte"», a indiqué à l'AFP un haut fonctionnaire du Parti communiste, sous couvert d'anonymat. Même si beaucoup de participants estiment qu'il es encore trop tôt pour l'exclure complètement, son nom ne figurerait pas sur la liste des candidats pour les plus hauts postes. Pourtant, selon beaucoup d'observateurs, la mise à l'écart de Dung serait un mauvais signal pour les réformateurs dans ce pays autoritaire à parti unique. «Avec Dung, le pays va progresser davantage et beaucoup plus rapidement» sur les réformes de marché, les accords de libre échange et les liens avec les Etats-Unis, explique à l'AFP Carl Thayer, expert du pays. Une éviction de fait de Nguyen Tan Dung serait de nature à inquiéter les investisseurs attirés par le Vietnam et son marché en expansion, avec ses 90 millions d'habitants.
Premier bilan d'une amorce de réforme
La branche réformatrice, impulsée par Dung Premier ministre, c'est un taux de croissance économique de 6,7% en 2015 et des investissements étrangers qui ont atteint le niveau record de près de 15 milliards de dollars, essentiellement dans le secteur des sous-traitants de géants comme LG, Sony, Intel et Samsung. «Beaucoup d'investisseurs restent sur la réserve, en attente de voir comment va évoluer le paysage politique. Je n'ai jamais assisté à un changement de direction politique qui divise autant, dans un pays communiste», a déclaré un investisseur occidental qui a des intérêts au Vietnam.
Une mise à l'écart de Dung, estiment analystes et diplomates ayant des contacts au sein du PC, laisse penser que les conservateurs sont à la manœuvre. «Ils cherchent à bloquer son ascension par les tous les moyens», estime Jonathan London, spécialiste du Vietnam et professeur à l'Université de Hong Kong.
De source politique au fait des nominations à venir, on indique que le secrétaire général actuel du PC, Nguyen PhuTrong, qui a 71 ans, a obtenu l'aval du parti pour rester en place, bien qu'il ait atteint l'âge limite pour partir à la retraite. Pour autant, «Dung jouit de beaucoup de soutiens au sein du parti et dans les couches inférieures de l'élite», poursuit Jonathan London. Si Nguyen Phu Trong reste en place, alors le bras droit de Dung, Nguyen Xuan Phuc, devrait devenir Premier ministre, le ministre de la Sécurité publique Tran Dai Quang président et la vice-présidente de l'Assemblée nationale, Kim Ngan, devrait être promue à la fonction de présidente de cette même assemblée, ajoute-t-on en confirmant des noms cités par des diplomates.
Une espèce de jeu de chaises musicales dont seule l'Amérique ou la Chine sortira vainqueur pour les cinq prochaines années...
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