Attentats de Boston : le grand frère, l'influence radicale ?
Tamerlan Tsarnaev est-il l'élément-clé qui permettra d'expliquer, en partie, l'attentat de Boston ? Rien n'est moins sûr, même si le parcours du jeune homme suscite des interrogations, en même temps qu'il met au jour des failles du côté des renseignements américains.
Depuis le lit d'hôpital sur lequel il se remet de son interpellation samedi dernier, au terme d'une traque de plusieurs heures, son petit frère Djokhar a commencé à dialoguer avec les enquêteurs, pour l'instant par écrit. Son grand frère a lui été tué jeudi dernier, au terme d'une course poursuite avec les forces de l'ordre. À plusieurs milliers de kilomètres de Boston, la famille Tsarnaev, elle, ne veut pas croire que les deux frères, étudiants aux États-Unis, aient pu commettre de tels actes.
"Mes fils n'ont pas pu faire cela"
Depuis Makhatchkala, la capitale du Daguestan, le père des deux garçons, Anzor Tsarnaev, a livré quelques détails ces dernières heures.
"J'ai toujours appris à mes enfants qu'il fallait être honnête, bon, ce sont des gens bien, et non des terroristes."
L'histoire de la famille Tsarnaev est celle de déracinements successifs. D'origine tchétchène, les deux garçons ont vécu leur jeunesse entre Kirghizstan, Caucase russe et États-Unis, depuis le début des années 2000. En filigrane, le sort du Daguestan, cette république russe dont la mère est originaire, devenue celle où l'Islam radical est le plus actif dans la région.
Mais Tamerlan, 23 ans, semble bien différent de son jeune frère, âgé de 19 ans. Il semble avoir eu du mal à s'intégrer à la société américaine, et a trouvé refuge dans la religion, allant à la mosquée "tous les vendredis" selon son père, cité par la quotidien russe Komsomolskaïa Pravda . "Mais il était un bon musulman et ne pouvait pas faire ce dont il est accusé" ajoute-t-il dans la foulée.
Un "raté" du FBI ?
Pourtant, Tamerlan était connu des services secrets russes. Le FSB a demandé au moins une fois à son homologue américain, le FBI, d'interroger le jeune homme, soupçonné de verser de plus en plus dans l'Islam radical, depuis 2010. Les agents russes s'étaient notamment focalisés sur les réseaux sociaux, sur lesquels Tamerlan laissait poindre sa personnalité. Une demande d'investigation est envoyée au début de l'année 2011, alors que Tamerlan s'apprête à effectuer un voyage de six mois au Daguestan.
L'interrogatoire du FBI a bien lieu, un rapport est envoyé à Moscou. Et c'est tout. Rien de compromettant n'émerge.
Une autre demande sera envoyée au FBI en novembre 2012, sans trouver de réponse, illustration du peu de communication entre les deux parties, et du peu d'estime que les services se portent.
Aujourd'hui, les enquêteurs imaginent que ce voyage dans l'un des bastions de l'islamisme dans le Caucase, a été l'occasion d'une radicalisation extrême de Tamerlan Tsarnaev. Il aurait été aperçu en compagnie de combattants séparatistes tchétchènes. A-t-il ensuite "convaincu" son jeune frère, qui semble au contraire de lui très bien intégré aux États-Unis, de rejoindre sa cause ? C'est l'une des pistes explorées, mais pas la seule. Car les deux frères auraient aussi pu bénéficier de complicités extérieures pour commettre leur attentat.
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