Attentats de Boston : le temps des questions

Après le temps de l'effroi et celui de la chasse à l'homme, voici le temps des question aux Etats-Unis après les attentats de Boston. Si leurs auteurs présumés ont été neutralisés (l'un tué, l'autre arrêté), une longue enquête débute afin de déterminer les raisons de ce drame.

Qui sont les frères Tsarnaev ?

En prenant la parole après l'arrestation du second suspect, le benjamin Djokhar Tsarnaev, Barack Obama a posé une question fondamentale : "P ourquoi de jeunes hommes qui ont grandi et étudié ici, dans notre communauté et dans notre pays, en sont-ils venus à une telle violence ? " Le profil des suspects des attentats de Boston ayant fait trois victimes et de nombreux blessés interroge. 

Arrivés en 2003 aux Etats-Unis, les deux frères vivaient depuis plusieurs années à Cambridge, dans la banlieue de Boston. Et les attentats dont ils sont les principaux suspects, en plus de relancer le spectre du terrorisme aux Etats-Unis, remettent au goût du jour une question très présente lors de la Guerre froide : celle de "l'ennemi intérieur ".

Car si Tamerlan Tsarnaev, l'aîné, affirmait n'avoir "aucun ami américain " et ne pas les comprendre, il rêvait, semble-t-il de représenter les Etats-Unis en boxe et, révèle le Washington Post , était marié à une Américaine et père d'une petite fille. Quant à son benjamin Djokhar, arrivé sur le sol américain âgé de moins de dix ans, il semblait totalement intégré. Etudiant, aimant le rap et travaillant comme maitre nageur à la piscine d'Harvard, c'était un "gamin américain normal ", selon ses amis.

A l'enquête de déterminer si ce drame puise ses origines dans une intégration ratée ou l'islamisme radical auquel semble s'être rallié Tamerlan.

Loups solitaires ou complot ?

"Les frères Tsarnaev ont-ils agi seuls ? Ont-ils bénéficié d'une aide quelconque ? " Cette question posée par le président Obama est importante : sa réponse influencera probablement la politique américaine des prochaines années en matière de terrorisme.

En 2011, juste avant l'anniversaire des dix ans des attentats du 11 septembre, Barack Obama disait craindre le "loup solitaire ", estimant qu'une "attaque isolée était plus à craindre qu'une opération massive ". Sa crainte s'est-elle réalisée avec les attentats de Boston, ou les terroristes présummés s'inscrivent-ils dans un réseau plus vaste (de type Al-qaida)?

Selon le chef de la police de Watertown, Edward Deveau, interrogé par CNN, les deux hommes ont agi seuls : "d'après l'état de mes connaissances à l'heure où je vous parle, ils ont agi ensemble et seuls", a-t-il expliqué.

Il n'empêche, certains s'interrogent. A commencer par Stephen Lynch, candidat démocrate à un siège de sénateur du Massachusetts (dont la circonscription englobe une partie de Boston). Dans un entretien au Boston Globe, il souligne que "ces deux hommes relativement jeunes ne semblent pas avoir les moyens de financer ce que l'on a vu  [les attentats et leurs armes lourdes], pourtant ils paraissaient vraiment bien équipés. Comment de tels individus obtiennent-t-ils l'entrainement et les ressources financières pour mener à bien une telle opération ? "

Aurait-on pu anticiper l'attaque?

Selon des informations divulguées par des sources proches des services de sécurité américains, les autorités russes ont demandé dès 2011 au FBI d'enquêter sur les agissements de Tamerlan Tsarnaev.

"La demande spécifiait qu'elle était fondée sur des informations selon lesquelles le jeune homme était un adepte d'un islam radical et un croyant fervent, qu'il avait complètement changé depuis 2010 ", explique cette source.

Confirmée par le FBI, cette demande avait été classée, faute d'élément attestant d'"une activité terroriste, intérieure ou étrangère ". Cependant, à l'instar de l'affaire Merah en France, le fait que les personnes passant à l'acte étaient "connues des services secrets " entraîne la question : pouvait-on éviter le drame? 

Les enquêteurs espèrent obtenir des réponses dès que Djokhar Tsarnaev, actuellement soigné à Boston dans le même hôpital que certaines victimes des attentats, sera en état de parler. Pour accélérer la procédure, ils pourraient recourir à "l'exception de sécurité publique ", ôtant certains droits aux suspects dans des affaires de terrorisme.