Violences au Bangladesh : l'armée investit les rues, 300 policiers blessés lors d'affrontements

Les manifestations sont quasi quotidiennes depuis début juillet. Elles visent à obtenir la fin des quotas d'embauche dans la fonction publique, qui réservent plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Des soldats bangladais à Dhaka (Bangladesh), le 20 juillet 2024. (MUNIR UZ ZAMAN / AFP)

L'armée était largement déployée, samedi 20 juillet, dans les villes du Bangladesh après une nouvelle journée d'affrontements meurtriers entre les étudiants protestataires et la police.

Les violences de cette semaine ont provoqué la mort d'au moins 105 personnes, selon un décompte de l'AFP établi auprès de sources hospitalières, et représentent un défi de taille pour le gouvernement autocratique de Sheikh Hasina après quinze ans au pouvoir.

Au moins 300 policiers bangladais ont été blessés lors des affrontements de vendredi avec des manifestants dans plusieurs endroits de la capitale Dacca, a déclaré samedi un porte-parole de la police. "Au moins 150 policiers ont été admis à l'hôpital. Cent cinquante autres ont reçu les premiers soins", a déclaré le porte-parole de la police métropolitaine de Dacca, ajoutant que les forces de l'ordre avaient affronté des "centaines de milliers" de manifestants.

Annulation d'une tournée diplomatique

Un couvre-feu gouvernemental est entré en vigueur dans le pays à minuit dans la nuit de vendredi à samedi et le bureau de la Première ministre a demandé à l'armée de déployer des troupes, après que la police a de nouveau échoué à maîtriser les troubles.

Les rues de la capitale Dacca étaient presque désertes à l'aube, des troupes à pied et des véhicules blindés de transport de troupes patrouillant dans cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d'habitants.

Le couvre-feu restera en vigueur jusqu'à 10 heures dimanche, a rapporté la chaîne privée Channel 24. Sheikh Hasina devait quitter le pays dimanche pour une tournée diplomatique, mais elle a renoncé à son projet après une semaine d'escalade de la violence.

Accusations de discrimination

Les manifestations sont quasi quotidiennes depuis début juillet. Elles visent à obtenir la fin des quotas d'embauche dans la fonction publique qui réservent plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment aux enfants des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971 et favorisent les proches du pouvoir.

De nombreuses voix affirment que le programme bénéficie aux enfants issus des groupes progouvernementaux soutenant Sheikh Hasina, 76 ans, qui dirige le pays depuis 2009 et a remporté sa quatrième élection consécutive en janvier après un vote sans véritable opposition.

Son gouvernement est accusé par les groupes de défense des droits de l'homme d'utiliser abusivement les institutions de l'Etat pour asseoir son emprise sur le pouvoir et éradiquer la dissidence, notamment par l'assassinat extrajudiciaire de militants de l'opposition.

Les tirs de la police sont à l'origine de plus de la moitié des décès signalés depuis le début de la semaine, d'après les descriptions fournies à l'AFP par le personnel hospitalier.

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