Birmanie : Aung San Suu Kyi condamnée à deux ans de prison par la junte au pouvoir
L'ancienne cheffe du gouvernement était poursuivie par la junte militaire pour de nombreux chefs d'accusation et risque de finir ses jours en prison.
Un tribunal birman a condamné, lundi 6 décembre, l'ancienne cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi à deux ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19. C'est la première peine prononcée contre l'ex-dirigeante, poursuivie par la junte militaire au pouvoir pour de nombreux autres chefs d'accusation et qui risque de finir ses jours en prison.
La prix Nobel de la paix, 76 ans, est assignée à résidence depuis le coup d'Etat du 1er février. Jugée depuis juin, elle est inculpée pour une multitude d'infractions : importation illégale de talkies-walkies, sédition, corruption, fraude électorale... De nombreux observateurs dénoncent un procès politique dans le but de neutraliser la gagnante des élections de 2015 et de 2020.
Le même jour, alors que les réactions internationales se sont multipliées, le chef de la junte a fait savoir dans un communiqué à la télévision que la peine d'Aung San Su Kyi avait été réduite de quatre à deux ans.
"Asphyxier les libertés"
La junte a accumulé les chefs d'accusation contre elle, dont la violation de la loi sur les secrets officiels, la corruption et la fraude électorale. Elle risque des dizaines d'années de prison si elle est reconnue coupable à chaque fois. Les journalistes n'ont pas le droit d'assister au procès et les avocats d'Aung Suu Kyi se sont récemment vu interdire de parler aux médias.
Selon une ONG locale de défense des droits, plus de 1 300 personnes ont été tuées et plus de 10 000 arrêtées dans le cadre de la répression de la dissidence depuis le coup d'Etat. La junte birmane cherche à "asphyxier les libertés", a estimé Amnesty International dans un communiqué.
"Les lourdes peines infligées à Aung San Suu Kyi sur la base de ces accusations bidon sont le dernier exemple en date de la détermination de l'armée à éliminer toute opposition et à asphyxier les libertés en Birmanie."
Ming Yu Hah, directeur adjoint d'Amnesty Internationaldans un communiqué
"Tentative effroyable d'étouffer l'opposition"
La Haute-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a elle aussi déploré "un procès truqué avec une procédure secrète devant une cour contrôlée par les militaires n'est rien d'autre que politiquement motivée". Elle estime que ce n'est pas seulement la négation de la liberté de la prix Nobel de la paix mais que cette condamnation "ferme aussi une porte au dialogue politique".
Pour le gouvernement britannique, c'est une "tentative effroyable (...) d'étouffer l'opposition". "Le Royaume-Uni appelle le régime à libérer les prisonniers politiques, à engager le dialogue et à permettre un retour à la démocratie", a déclaré dans un communiqué la ministre des Affaires étrangères, Liz Truss.
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